«SI LES ASSOCIATIONS thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) nous abandonnent, nous n’aurons plus de traitement contre le paludisme. Et il faudra probablement dix ans au moins avant d’en trouver un nouveau.» Tel est le cri d’alarme lancé par le Dr Arata Kochi, nouveau directeur du département du paludisme de l’Organisation mondiale de la santé.
Mais c’est par la voix de son directeur général, le Dr Lee Jong-wook, que l’OMS a officiellement demandé l’arrêt de la commercialisation des antipaludéens comportant uniquement de l’artéminisine, qui favorisent l’apparition de résistances. «Nous demandons aux laboratoires pharmaceutiques de cesser dès à présent de commercialiser les comprimés ne comportant que de l’artémisinine. Les nouvelles lignes directrices que nous publions aujourd’hui en matière de traitement donnent aux pays des orientations claires fondées sur des bases factuelles quant aux options thérapeutiques optimales contre le paludisme», a-t-il précisé.
Les ACT sont aujourd’hui les médicaments les plus efficaces, actifs dans près de 95 % des cas, avec un risque de pharmacorésistance faible. «Jusqu’ici, aucun échec thérapeutique dû à une résistance à l’artémisinine n’a été prouvé, mais nous suivons la situation attentivement», a souligné le Dr Kochi. Les nouvelles règles fixées par l’OMS recommandent l’utilisation des ACT dans les formes non compliquées du paludisme à Falciparum, en évitant toute monothérapie à l’artémisinine ou une autre molécule. L’OMS rappelle que la sulfadoxine-pyriméthamine (SP), qui était efficace à près de 100 % lorsque la molécule a été introduite, n’agit plus, cinq ans plus tard, que dans 10 % des cas. La chloroquine est dénuée d’efficacité partout dans le monde, alors qu’une résistance à l’atovaquone est apparue dans les douze mois qui ont suivi l’introduction du produit.
Des mesures vont être prises pour développer l’utilisation correcte des ACT. Afin d’endiguer la circulation et l’utilisation des antipaludéens contrefaits, l’OMS prévoit de renforcer la collaboration avec les autorités nationales et internationales chargées de la santé et de la réglementation pharmaceutique. On estime que dans les pays en développement, 25 %, et jusqu’à 50 % dans certaines régions d’Afrique et d’Asie, des médicaments utilisés sont soit contrefaits, soit de mauvaise qualité. L’OMS invite, en outre, les chercheurs qui travaillent sur le paludisme et l’industrie pharmaceutique à investir dès que possible dans la mise au point de la prochaine génération d’antipaludéens.
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