L A réduction de la pauvreté est le thème principal de la réunion du comité régional européen de l'OMS, qui se tient à Madrid jusqu'à jeudi, en présence de 51 ministres de la Santé. « Pauvreté et mauvaise santé forment un cercle vicieux. La santé est une condition préalable au développement et les populations en mauvaise santé ne peuvent tirer parti des possibilités », a expliqué le directeur général de l'OMS pour l'Europe, le Français Marc Danzon.
En Europe, plus de 165 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté et dans 8 des 18 pays d'Europe centrale et orientale et nouveaux Etats indépendants, au moins 50 % de la population vit en dessous de ce seuil. Et les pays d'Europe occidentale ne sont pas à l'abri puisque 11 % des habitants du Royaume-Uni dépassaient le seuil de pauvreté relative (60 % du revenu moyen du pays) en 1995 et 13 % des Italiens en 1999.
Un risque pour les candidats à l'UE
L'OMS s'inquiète particulièrement pour les pays candidats à l'Union européenne qui disposent de ressources limitées et sont habitués à peu dépenser pour les soins : ils risquent, estime-t-elle, de connaître des bouleversements dans le domaine de la santé, qui ne figure pas parmi les priorités du processus de transition économique.
Douze Etats de la région européenne de l'OMS sont candidats à l'adhésion à l'UE : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Turquie. Dans la plupart de ces pays, la mortalité infantile est plus élevée que dans la plupart des 15 pays actuellement membres de l'UE. Dans certains cas, l'écart est considérable : en Roumanie par exemple, le taux de mortalité infantile est trois fois supérieur au taux moyen de l'UE. Des écarts considérables sont constatés dans de nombreux autres domaines : décès imputable au tabagisme, taux de suicide, etc.
Non seulement le produit intérieur brut (PIB) dans la plupart des pays candidats est inférieur aux plus bas niveaux des pays de l'UE, mais la part du PIB allant à la santé est inférieure au pourcentage le plus bas relevé dans les Etats membres. Et il est à craindre, selon l'OMS, que les dépenses de santé publique n'augmentent pas dans les mêmes proportions que le revenu national du fait que la santé ne figure pas au nombre des grandes priorités dans le processus de transition économique.
Des difficultés pourraient par exemple survenir en ce qui concerne le coût et l'accessibilité aux médicaments, car la législation européenne prévoit que certains pays candidats devront allonger la durée de la protection des brevets, ce qui devrait avoir des conséquences sur la production de médicaments génériques dans les pays concernés, alors que les médicaments importés de l'UE restent onéreux.
L'autre problème que devront affronter les pays candidats est celui des ressources humaines du secteur de santé avec le risque d'une fuite des professionnels de la santé qualifiés vers des pays de l'UE où les conditions socio-économiques et financières sont meilleures.
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