Une étude de population a été réalisée chez 1 446 enfants de 11 à 14 ans dans le nord-est de l'Angleterre à l'aide d'un auto-questionnaire évaluant la prévalence des lombalgies, les symptômes associés à une gêne fonctionnelle et leur impact sur la santé. Les parents validaient de leur côté également par autoquestionnaire, les plaintes douloureuses des enfants.
Au cours du mois pendant lequel s'est déroulée l'étude, la prévalence des lombalgies a été de 29 % chez les filles et de 19 % chez les garçons augmentant avec l'âge dans les deux sexes. Parmi ceux qui se sont plaint de lombalgie, 94 % avaient une gêne fonctionnelle, notamment pour porter leur cartable. Cette gêne ne suscite toutefois aucune interrogation sur le plan médical et est totalement ignorée des professionnels de santé. Elle mérite pourtant qu'on s'y arrête car elle peut préfigurer les lombalgies chroniques à l'âge adulte.
Une pathologie à prendre en compte
La lombalgie de l'adolescent ne doit pas être banalisée, sous peine de méconnaître une étiologie grave. Une douleur persistante, sa recrudescence nocturne, un retentissement fonctionnel entraînant l'arrêt des activités physiques et sportives et la présence de signes généraux doivent attirer l'attention.
Dans la majorité des cas les lombalgies de l'adolescents sont banales. La recherche les troubles posturaux et de croissance, l'appréciation de la statique rachidienne et de l'importance du déséquilibre, de la cyphose et de la lordose, de la mobilité du rachis et d'une attitude scoliotique orientent le diagnostic. La puberté est l'âge d'apparition de la scoliose idiopathique. Son dépistage précoce permet une prise en charge rapide et efficace. La maladie de Schewerman, une dystrophie rachidienne de croissance, correspond, dans sa forme classique, à la cunéisation d'au moins 3 vertèbres. Elle concerne 10 % des adolescents, mais sa forme atypique est beaucoup plus fréquente (40 %) et s'exprime par une douleur de type mécanique. La puberté est l'âge d'apparition des premières lésions disco-dégénératives et les altérations discales sont présentes chez 20 à 30 % des adolescents asymtomatiques et cette prévalence augmente significativement chez des adolescents ayant des douleurs permanentes ou récurrentes. Le sport intensif, et notamment la gymnastique, le tennis, le football et l'haltérophilie sont responsables en partie de ces altérations disco vertébrales.
Plus de filles que de garçons
La prévalence des lombalgies augmente avec l'âge : 12 % à 12 ans et 21 % à 15 ans, et est plus élevée chez les filles que chez les garçons ainsi que chez les adolescents de grande taille, alors que ni le poids ni l'indice de masse corporelle ne sont associés aux lombalgies.
Les antécédents traumatiques rachidiens, essentiellement d' origine sportive, une faible activité physique et des antécédents de lombalgie chez les parents sont associés aux lombalgies. L'accroissement de taille, les facteurs émotionnels, le stress, la dépression, le tabagisme, la sédentarité, certains troubles posturaux et un cartable dépassant 20 % du poids du corps sont aussi des facteurs reconnus. La position assise est le principal facteur d'aggravation des lombalgies. Enfin, 9 % des adolescents qui travaillent physiquement se plaignent de lombalgie.
Plusieurs études de population pondèrent l'importance des facteurs mécaniques et majorent celui des facteurs émotionnels.
D'autres études montrent aussi l'influence du mode de vie et des facteurs sociaux et familiaux dans la survenue de lombalgies. Une étude de population réalisée sur 2 173 écoliers islandais de 11 à 12 ans et de 14 à 16 ans isole quatre facteurs importants associés aux lombalgies : l'âge , la fatigue matinale, les habitudes alimentaires (grignotage), l'environnement parental. Les facteurs mécaniques et physiques apparaissent moins souvent associés aux lombalgies que les problèmes émotionnels et leur cortège de troubles fonctionnels : céphalées, douleurs abdominales, troubles du sommeil, fatigue. Les lombalgies semblent alors plutôt témoigner de la détresse de ces enfants et doivent être reconnues comme telles. Cela n'exclut pas la prévention par un apprentissage des postures, du port des charges, un mobilier scolaire ergonomique et une hygiène de vie. Quant à la pratique de sport de compétition, elle doit être prudente et très surveillée médicalement chez les adolescents.
D'après la communication de R.de Bie (Pays Bas)
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