CONGRES HEBDO
Trois essais en double aveugle ont été entrepris en Europe et aux Etats-Unis, chez 1 071 adolescents ou adultes (âgés de 12 à 75 ans) et chez 334 enfants, souffrant d'un asthme allergique modéré à sévère malgré un traitement par corticoïdes inhalés. Les données obtenues dans ces trois études ont été regroupées et leurs résultats présentés par Roland Buhl (Mainz, Allemagne). Après un an de traitement, seuls 2 des 542 patients adolescents et adultes ayant reçu l'omalizumab (anticorps monoclonal anti-IgE) ont été hospitalisés pour une crise d'asthme sévère contre 13 des 529 du groupe placebo. Ce résultat significatif (p = 0,02) confirme celui qui avait été rapporté après six mois, où un seul patient sous omalizumab avait été hospitalisé, contre 8 dans le groupe placebo. Chez les enfants, les résultats enregistrés sont également bons : sur une période de 28 semaines, aucun des enfants sous omalizumab n'a dû être hospitalisé, contre 5 du groupe placebo.
D'autres résultats intéressants ont été présentés lors du congrès par le Pr Stephen Holgate (Southampton, Royaume-Uni) émanant d'une étude en double aveugle ayant regroupé 246 patients européens, russes et canadiens. Il s'agissait de patients atteints d'asthme allergique sévère contrôlé de façon optimale par une dose quotidienne de 1 000 à 2 00 μg de fluticasone.
La dose initiale de fluticasone a été maintenue pendant seize semaines, puis réduite progressivement sur douze semaines, jusqu'à une dose minimale efficace. Simultanément, les patients recevaient soit un placebo, soit l'omalizumab pendant trente-deux semaines. Ainsi, selon le Pr Holgate, « la réduction des doses de corticostéroïdes a été plus importante avec l'omalizumab qu'avec le placebo : chez 60,3 % des 126 patients ayant reçu l'anti-IgE, la dose quotidienne de fluticasone a pu être réduite jusqu'à 500 μg sans augmentation de la fréquence des crises ni recours aux bêtaagonistes, alors que cela n'a été possible que chez 46 % des 120 patients sous placebo ». De plus, dans cette étude, l'omalizumab semble avoir été bien toléré et a amélioré la qualité de vie des patients.
Dans la rhinite perannuelle
L'omalizumab semble également efficace dans le traitement de la rhinite perannuelle, modérée ou sévère. C'est ce que suggèrent les résultats de l'étude multicentrique présentés par Thomas Casale (Omaha, Etats-Unis). Dans cette étude menée chez 289 patients, l'omalizumab a été administré pendant seize semaines au rythme d'une injection toutes les deux ou quatre semaines versus placebo. Les résultats sont également encourageants puisque, chez près de 30 % des patients sous omalizumab, la rhinite a été considérée comme contrôlée contre moins de 10 % des patients sous placebo, avec, comme corollaire, une moindre consommation d'antihistaminiques. Une amélioration significative de la qualité de vie a été objectivée dès la 8e semaine de traitement.
Ce nouveau traitement pourrait venir renforcer l'arsenal thérapeutique proposé aux patients atteints de rhinite ou d'asthme allergiques, non contrôlés malgré un traitement bien conduit, ou être une alternative en cas de mauvaise observance.
(1) L'omazilumab (Xolair) est développé conjointement par Novartis, Genentech et Tanox.
Comment agissent les anticorps « anti-IgE » ?
L'omalizumab est un anticorps humanisé produit à partir de cellules murines qui se lie sur une région spécifique des IgE libres et empêche ainsi, secondairement, les IgE de se fixer sur les récepteurs responsables de la réaction d'activation cellulaire.
Il n'y a donc pas de risque de réaction anaphylactique et une faible immunogénicité.
L'injection de l'anticorps entraîne rapidement la baisse du taux sanguin d'IgE, mais les symptômes ne régressent véritablement qu'à la deuxième semaine, du fait de la demi-vie très longue des IgE à la surface des cellules (mastocytes, éosinophiles, macrophages, cellules dendritiques).
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