« Depuis 1946, tout médecin dispose de la possibilité de signaler à l'inspection du travail toute pathologie non inscrite au tableau des maladies professionnelles mais dont il soupçonne le caractère professionnel », rappelle le Dr Annie Touranchet, médecin-inspecteur régional du travail en Pays de la Loire. Mais, explique-t-elle, « lorsque je suis devenue médecin du travail dans les années 1980 et que j'ai demandé les formulaires nécessaires, nul ne semblait au courant et il a fallu les sortir tout poussiéreux de la cave ».
Depuis, cette région semble être devenue pionnière en la matière. Pour lever les réticences des médecins de ville qui craignaient la divulgation du secret professionnel, c'est désormais au médecin-inspecteur du travail que doivent être adressés les signalements. Lorsqu'il le juge nécessaire (devant la gravité de certains risques ou la multiplication de signalements concernant une branche professionnelle, une entreprise ou des postes de travail comparables), il alerte l'inspection du travail, en respectant l'anonymat des salariés à l'origine de la déclaration. Ce qui n'a pas encouragé les généralistes, car ils ne représentent que de 2 à 5 % des auteurs de signalement. Soixante-quinze à 90 % des signalements sont faits par des médecins du travail et, de plus en plus, des médecins des consultations de pathologies professionnelles qui se développent dans cette région et dans quelques autres.
Les signalements ont permis d'obtenir des informations qui complètent les déclarations de maladies professionnelles. Dans la région Pays de la Loire, les troubles musculo-squelettiques arrivent en tête des risques dans chacun des deux types de déclaration (81 % des maladies professionnelles indemnisables) et le secteur agro-alimentaire en reste le premier pourvoyeur. Mais les signalements de maladies « à caractère professionnel » montrent l'émergence, année après année, dans cette pathologie, des métiers sanitaires et sociaux, du secteur de l'intérim et l'augmentation du nombre de femmes concernées par ces pathologies jusqu'à présent majoritairement masculines. Dans différents secteurs professionnels, ils montrent des maladies de Dupuytren, des lésions de l'épaule et des tendinites de l'avant-bras significatives et ignorées de la liste des maladies professionnelles. Sont également enregistrés un certain nombre de cancers, notamment ORL liés aux métiers du bois, des cancers de la vessie ou des poumons, des leucémies, décelés chez des salariés en contact avec des solvants, des produits phytosanitaires ou exposés aux ultraviolets. Depuis 1999, ces statistiques incluent la montée des souffrances mentales.
Pour sensibiliser les médecins du travail au signalement des maladies à caractère professionnel même non indemnisables, l'Inspection du travail des Pays de la Loire organise chaque année deux semaines « coup de poing » pendant lesquelles des médecins sentinelles volontaires (ils sont 200 cette année, répartis dans tous les secteurs d'activité économique) répertorient les cas qu'ils estiment « douteux » parmi les salariés dont ils ont la charge. « Parallèlement aux enquêtes Sumer, nous allons ainsi disposer d'indicateurs fiables pour la prévention », se félicite le Dr Touranchet.
L'offensive des Pays de la Loire
Publié le 18/11/2003
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F. C.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7428
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