Nouveaux acteurs de la gestion du risque

L'offensive des complémentaires santé en ordre dispersé

Publié le 23/09/2008
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DEUXIÈMES FINANCEURS des biens médicaux et services de santé, loin derrière le régime obligatoire mais devant les ménages, les complémentaires (mutuelles, assureurs privés, institutions de prévoyance) se retrouvent aujourd'hui à l'aube de choix stratégiques avec une commune ambition : participer directement à la régulation du système de santé sans le statut de « payeurs aveugles » qu'ils récusent depuis des années.

Plusieurs facteurs plaident en faveur d'un rôle accru. L'accès anonymisé des complémentaires aux données de remboursement, promis par le gouvernement, constituera une avancée importante pour mieux gérer le risque santé en adaptant les prestations au marché. Surtout, l'Élysée appelle tout le secteur à la rescousse (et pas seulement via une taxe de 1 milliard d'euros...) : la semaine passée encore, Nicolas Sarkozy a exhorté les complémentaires à «contribuer à l'amélioration de la qualité des soins, à la gestion du risque et à la maîtrise des dépenses». Le chef de l'États'est engagé sur le principe de négociations tripartites ( «en particulier» sur le dentaire et l'optique, ce qui ouvre d'autres perspectives) et il a souhaité que les complémentaires prennent la main pour expérimenter des forfaits ciblés sur certaines pathologies chroniques. Dans l'entretien qu'il accorde au « Quotidien » (lire ci-dessous), le patron de la Mutualité, Jean-Pierre Davant, saisit la balle au bond et affiche ses ambitions.

Concurrence.

Mais en l'absence du débat annoncé il y a un an par Nicolas Sarkozy, entre ce qui relève de la solidarité nationale et de la prise en charge individuelle, chacun avance ses pions en ordre dispersé. Les mutuelles testent depuis quelques mois, dans deux régions déjà avant généralisation en 2009, un parcours de santé mutualiste positionné sur quelques pathologies lourdes (voir encadré). Les assureurs et une partie des institutions de prévoyance, qui ont développé des réseaux intégrés de professionnels partenaires (dentistes, opticiens...) et des plates-formes d'orientation du patient, ne font pas mystère de leur propre stratégie : obtenir la gestion déléguée au premier euro de secteurs entiers de soins, comme le contrôle des transports médicaux, l'optique, les soins dentaires pour adultes ou encore la lutte contre les fraudeurs. À la clé : des garanties de plus en plus segmentées et une contractualisation tarifaire directe avec les professionnels. Chacun espère tirer son épingle du jeu dans un environnement très concurrentiel. La septième conférence annuelle « assurance santé », organisée aujourd'hui à Paris par « les Échos » et « le Quotidien », en présence de tous les acteurs concernés, devrait permettre d'y voir plus clair sur le nouveau rôle et la stratégie des complémentaires santé.

Priorité santé mutualiste : 1 300 appels depuis mai

Expérimenté depuis mai 2008 en Bretagne et en Languedoc-Roussillon, le dispositif Priorité santé mutualiste (PSM) cible trois domaines de santé publique : les cancers, les maladies cardio-vasculaires, les addictions (tabac, alcool, cannabis) ; suivra, à partir de janvier 2009, le maintien de l'autonomie.

Ce service se présente comme une plate-forme téléphonique (centre de contact) destinée à informer et à aider les adhérents mutualistes à s'orienter vers des soins de qualité. À ce jour, 29 mutuelles des deux régions pilotes participent au rodage ; un million d'adhérents sont potentiellement concernés. Le démarrage semble timide. Selon la FNMF, «1300appels» ont été traités ces premières semaines (soit environ une douzaine par jour). La moitié des recours concernent une demande d'information santé, 22 % l'aide à l'orientation et 19 % la recherche d'un service d'accompagnement. Le déploiement sur l'ensemble du territoire est prévu en avril 2009.

> CYRILLE DUPUIS > C. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8425