IL A FALLU treize ans au journaliste Gerald Clarke pour venir à bout de la biographie de Truman Capote dont le film s’inspire. Il a rencontré l’écrivain, a parcouru l’Europe et les Etats-Unis pour obtenir des informations. Et bien sûr il s’est rendu au Kansas pour interroger les protagonistes du fait-divers qui a inspiré à Capote le livre qui l’a rendu célèbre, « De sang froid ».
Capote, lui, a mis plus de six ans pour écrire son chef-d’oeuvre, publié en 1966 et après lequel il ne réussira à terminer aucun livre (même s’il publie en 1980 « Musique pour caméléons ». «Dans certaines vies, il est des moments qui, avec le recul, peuvent être vus comme définissant le début d’un envol ou celui d’un déclin. Pour Truman Capote, «De sang-froid» renfermait les deux», écrit Gerald Clarke. Capote est mort en 1984 à l’âge de 59 ans.
Dans l’histoire du film, il y a aussi la rencontre de Bennett Miller et de Dan Futterman, amis d’enfance, avec Philip Seymour Hoffman lors d’un atelier d’été de théâtre en 1984. Auteur de documentaires et de spots publicitaires, Miller signe son premier long métrage d’après le scénario de Futterman tandis que Hoffman s’est fait producteur exécutif.
Si son interprétation est effectivement impressionnante, résultat de six mois d’immersion dans des livres, des films et des cassettes audios consacrées à Capote, ce n’est pas l’essentiel. C’est l’arbre qui cache la forêt et, au fond, ce n’est pas si important que ça de savoir si l’acteur ressemble beaucoup à son modèle. Sauf que l’aspect physique et la voix comptent beaucoup dans ce qu’était l’écrivain et ce qui le fait avancer. Son implication dans l’enquête sur le meurtre d’une famille de fermiers du Kansas, le rapport particulier qu’il noue avec l’un des tueurs, Perry Smith, ont à voir avec sa jeunesse, ce monde du sud pauvre qu’il a quitté pour les paillettes new-yorkaises et le désir fou de signer une grande oeuvre, quels que soient les moyens pour y parvenir.
C’est en fait l’homme qui finit par être dévoré par sa création, empêtré dans des mensonges et son implication auprès des meurtriers que montre le film. Le roman de « non- fiction » a détruit la créativité de son auteur.
Le film, de facture classique, bien joué par tous les acteurs (notamment Catherine Keener et Chris Cooper), est autant le portrait d’une oeuvre en train de se faire que celui d’un écrivain. C’est ce qui le rend intéressant.
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