Compléments alimentaires
Le film lacrymal est un tissu très intéressant à étudier ; c'est un bon marqueur du vieillissement de l'il. En effet, il est constitué de trois éléments distincts et ses modifications en cas d'agression ou de vieillissement sont facilement accessibles à l'examen.
Il est composé de trois phases : une phase mucoïde protectrice (sécrétée par les cellules de la conjonctive) ; une phase aqueuse intermédiaire (produite par les glandes lacrymales) ; et une couche monomoléculaire lipidique superficielle (sécrétée par les glandes palpébrales de Mbius). Il remplit donc différentes fonctions de protection, de glissement, de nettoyage et de réservoir des médicaments.
Les altérations du film lacrymal, qualitatives encore plus que quantitatives, sont très fréquentes avec l'avance en âge, surtout chez les femmes. Il en résulte un inconfort oculaire, parfois important et, malheureusement, difficilement soulagé par les traitements usuels. Il semble que l'inflammation de la glande lacrymale principale (secondaire à la formation extracellulaire de radicaux libres) joue un rôle central dans cette pathologie. De même, les déficits en micronutriments pourraient affecter la qualité de la couche superficielle du film lacrymal et engendrer un inconfort pour les patients.
Un protocole rigoureux
Un essai clinique pilote de phase II a été conduit chez 24 patients, afin de mesurer, sur des critères objectifs, le bénéfice d'un complément alimentaire, associant des antioxydants (vitamines E, C, bêtacarotène, flavonoïdes et zinc) et un modulateur des protéines de stress, le Prophyral HSP (extrait d'une algue alimentaire).
Durant une première phase de douze semaines, les patients recevaient soit Oxybiane (2 gélules), soit un placebo ; puis tous observaient une période de wash-out de quatre semaines (le temps que tous les composants du complément alimentaire soient éliminés) ; enfin les patients suivaient une seconde période de complémentation en aveugle, selon un plan expérimental croisé, chaque patient étant son propre témoin.
La sélection des patients était fondée sur des critères très stricts : présence des symptômes de sécheresse oculaire (irritation, brûlure, sensation de corps étranger, gêne à la lumière, sensation de paupières collées et rougeur), score au BUT (Break Up Time = temps sans clignement) inférieur à 10 secondes et test de Schirmer inférieur à 10 mm en 5 minutes (quantité de larmes sécrétée après stimulation oculaire). Les critères de non-inclusion étaient : la notion de traumatisme oculaire, l'existence depuis moins de trois mois d'une infection ou d'une inflammation oculaire, d'une intervention chirurgicale, d'un laser, d'un clou méatique, le port de lentilles ou un traitement oculaire autre que les larmes artificielles depuis moins de un mois. La grossesse et les traitements généraux tels que les antidépresseurs ou les antiacnéiques faisaient aussi partie des critères de non-inclusion.
Un bilan ophtalmologique était pratiqué à J 0 (inclusion), J 84 (12 semaines), J 112 (après le wash-out) et J 196 (à la fin de la 2e période de traitement).
Une amélioration objective
Après 12 semaines, le test de Schirmer montrait une augmentation de 26 % de la quantité de larmes sécrétées et une amélioration de la qualité du film lacrymal objectivée au BUT (+ 26,8 %). Les auteurs ont également noté une diminution de la plupart des symptômes dans le groupe traité par rapport au groupe placebo (réduction de 47 % des signes fonctionnels contre 24 % chez les témoins).
La quantité de larmes diminuait à nouveau durant la période de wash-out. Enfin, les patients du groupe traité disaient (davantage que ceux du groupe témoin) bénéficier d'une sensation de bien-être général, en plus de l'amélioration du confort oculaire.
Cet essai pilote, réalisé sur un nombre restreint de patients, mais bénéficiant d'un protocole rigoureux incluant la mesure objective de la quantité et de la qualité des larmes, montre l'intérêt d'une supplémentation en antioxydants dans le syndrome de l'il sec. La prescription d'Oxybiane peut s'inscrire dans une démarche de prévention ou d'accompagnement des traitements du syndrome sec oculaire.
D'après une conférence de presse organisée par le Laboratoire Pileje.
* Etude coordonnée par le service du Pr Rigal à Clermont-Ferrand.
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