L'ASSEMBLEE NATIONALE examinait le projet en deuxième lecture. Le débat précédent sur le transfert de compétences aux collectivités locales a déjà donné lieu à 190 heures de débat. Qu'après cela, les socialistes déposent 4 600 amendements au projet ressemble fort à de l'obstructionnisme.
Cependant, le Premier ministre avait donné l'exemple, jusqu'à présent, d'un gouvernement qui va au bout du dialogue démocratique. Comme Lionel Jospin, il aurait pu éviter le recours au 49-3, qui n'est jamais apparu comme la disposition la plus démocratique de la Constitution. Pour la réforme de l'assurance-maladie, les élus ont pris leur temps, et la réforme a été adoptée dans un climat relativement serein. On peut donc s'interroger sur les raisons du chef du gouvernement.
D'autant que, même à droite, même à l'UMP, d'aucuns regrettent que la loi ait été adoptée sans discussion. Le contenu du texte n'est peut-être pas sans rapport avec la précipitation du Premier ministre : si le transfert de responsabilités aux collectivités locales est souhaitable, il doit être financé. Le gouvernement a juré qu'il paierait, sou après sou, les décisions qui seraient prises non plus à Paris mais à l'échelon local. Mais l'engagement d'un jour ne résiste pas toujours au temps. Et il ne faudrait pas que, comme le craignent les socialistes, la loi soit, pour les prochains gouvernements, un instrument d'économies et de paupérisation.
M. Raffarin étonne les Français parce qu'il fait preuve de détermination dans une période qui n'est pas faste pour lui ; il sort de deux défaites électorales et on le dit sur le départ. On le dit d'autant plus qu'il semble pressé d'associer son nom à la décentralisation.
Il aurait tort, toutefois, d'imposer un texte de cette importance pour ne prendre qu'une revanche sur l'adversité. Le contraste entre sa faiblesse politique et son soudain autoritarisme conduit à penser qu'il fait un usage quelque peu abusif de la majorité dont il dispose, des pouvoirs qui lui sont conférés et d'une constitution qui accroît les moyens de la majorité, même quand elle ne correspond plus que de loin à la volonté populaire.
Bref, ce n'était pas le moment d'une démonstration de force. La loi pouvait attendre. Quant à l'avenir de M. Raffarin, nous souhaitons qu'il soit heureux, mais pas qu'il le fabrique pendant qu'il compte les jours qu'il lui reste à passer à l'Hôtel-Matignon.
La loi sur la décentralisation
L'obsession de Raffarin
Publié le 28/07/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7578
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