Santé publique

L’observance, grande cause nationale ?

Publié le 06/12/2014
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40 % des patients en France seraient observants selon une enquête menée par le Crip (Cercle de réflexion de l’industrie pharmaceutique) et IMS Health. Ces résultats sont en phase avec les données de la littérature internationale. Pour réaliser cette enquête, 6 400 pharmacies de ville ont transmis leurs données. 170 000 patients ont été inclus dans le protocole. Au-delà du chiffre global, on observe également une grande diversité selon la pathologie étudiée. Six maladies chroniques (hypertension artérielle, diabète de type 2, hypercholestérolémie, insuffisance cardiaque, asthme, ostéoporose) ont ainsi été « mises en observation ». Elles représentent 25 % des dépenses annuelles de médicaments. Résultat, si l’observance s’élève à 40 % pour l’HTA, elle grimpe à 44 % pour l’hypercholestérolémie et à 52 % pour l’ostéoporose. Pour les autres pathologies, les chiffres sont en-dessous de la barre des 40 %. L’asthme affiche les plus mauvais résultats avec 13 % seulement de patients qui prennent quotidiennement leur traitement.

Coût de la non-observance, 9 milliards d’euros

L’addition pour la collectivité de ce non-respect de l’ordonnance s’avère particulièrement salée. Les experts de cette étude l’ont chiffrée à plus de neuf milliards d’euros. À elle seule, l’HTA représente près de la moitié de la facture. Une fois ce constat établi, comment optimiser l’observance ? Six pistes ont été identifiées. Elles s’articulent autour des professionnels de santé (formation à la communication sur les traitements, incitation à promouvoir l’observance) et de la création de nouveaux outils simples d’usage. Les associations et les « aidants » doivent également faire l’objet d’une mobilisation. Enfin, déclarer l’observance « grande cause nationale » permettrait de fixer des objectifs à une date donnée.

Les professionnels de santé sont donc l’une des cibles prioritaires visées par le programme d’action. « Si les relations avec le professionnel de santé sont de qualité, l’observance est optimisée », explique Claude Le Pen (Université Paris-Dauphine). En revanche, la gravité de la pathologie n’interfère pas avec l’observance.

Au-delà de l’analyse économique, cet intérêt pour l’observance témoigne d’un important virage, celui d’appréhender le patient comme un sujet actif et non passif. Selon Claude Le Pen, « la non-observance n’est plus un comportement déviant ». Et si le patient était un homme (ou une femme comme les autres) ?


Source : Décision Santé: 299