« La fièvre, décrit le Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue au Centre Intercommunal de Créteil, n’est le plus souvent que le reflet de la mise en route des mécanismes de défense immunitaire ». Ce n’est pas une bactérie ou un virus qui donne de la fièvre, mais la réponse immunitaire, interférons, interleukines et autres médiateurs.
À la clé, de la fièvre certes (on parle de fièvre au-dessus de 38°C)… et aussi un certain nombre de symptômes, non corrélés à sa hauteur : maux de tête, adynamie, anorexie, asthénie, somnolence, etc. « Il n’existe en effet aucune relation entre le “comportement malade“ et la hauteur de la fièvre », insiste-t-il, à la lueur des résultats de l’étude publiée sur PLOS One. À l’image de ce qui se produit avec des patients adultes, on traite donc moins la fièvre que l’inconfort…
D’autant que de nombreuses études ont montré l’absence d’efficacité préventive des convulsions fébriles par les antipyrétiques : les enfants susceptibles d’en faire en feront de toute façon, sans ou avec antipyrétiques. Seuls certains vaccins (tel celui dirigé contre le rotavirus), en réduisant le risque d'épisodes infectieux, ont cet effet préventif.
Effet antalgique du paracétamol
L’objectif de la prise en charge, comme le recommande aussi la Haute Autorité de santé (HAS), est donc d’améliorer le confort, et pour cela d’adapter le traitement au comportement. Ainsi, sur un enfant abattu qui geint, a priori douloureux, c’est l’effet antalgique du paracétamol qui est attendu, plutôt que l’effet antipyrétique. « La référence en première intention est certainement le paracétamol, pratiquement dénué d’effets indésirables, en dehors de grossières erreurs de dosage », indique le pédiatre. La posologie recommandée est de 60 mg/kg/jour à répartir en 4 à 6 prises. « Les effets indésirables de l’ibuprofène (20 à 30 mg/kg/jour en 4 prises à partir de 3 mois, ou du kétoprofène à partir de 6 mois (0,5 mg/kg/prise sans dépasser 2 mg/kg/jour, en 3 ou 4 prises), plus fréquents, ne doivent toutefois pas être exagérés, tempère-t-il, et les anti-inflammatoires s’avèrent précieux sur certaines douleurs ORL, otites moyennes aiguës et angines notamment, où l’objectif de traitement prioritaire n’est pas la fièvre une fois encore ! » L’anti-inflammatoire peut être proposé seul ou en association avec le paracétamol en cas de douleurs intenses ou résistantes au paracétamol. Il est contre-indiqué en cas de varicelle en raison du risque de surinfection d’une atteinte cutanée et doit être utilisé avec prudence sur une probabilité d’infection bactérienne. Deuxième effet indésirable possible, rare, le risque que survienne une insuffisance rénale si l’enfant est déshydraté. Et bien sûr le risque digestif, exceptionnel lui aussi.
Quelques mesures simples
S’agissant des « petits moyens », à la trappe, les bains ou enveloppements frais, qui peuvent majorer l’inconfort… Plus sûrement efficaces, trois mesures simples : proposer fréquemment à boire, ne pas trop couvrir l’enfant et ne pas augmenter la température de la pièce. Enfin, le très jeune âge (moins de 3 mois), une fréquence respiratoire élevée, une conscience altérée, une absence de réponse aux stimulations, un renflement de la fontanelle, des cris faibles, une cyanose ou une pâleur, une raideur de la nuque sont des motifs de recours aux urgences.
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