?our la première fois en 15 ans, l’enquête épidémiologique nationale ObÉpi-Roche, qui scrute tous les trois ans l’évolution de l’obésité, décrit en 2012 un ralentissement de sa progression en France.
L’étude réalisée de janvier à mars 2012 sur 25 700 personnes de 18 ans et plus estime la fréquence actuelle de l’obésité en France en 2012 à 15 % de la population adulte, soit près de 7 millions de personnes obèses. « Entre 2009 et 2012, la prévalence de l’obésité tend à se ralentir et le décrochage s’est fait un peu plus tôt chez les hommes », a indiqué le Dr Marie-Aline Charles (médecin épidémiologiste et directrice de recherche, Unité 1018 «?Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations?», Paris).
Mais c’est un constat en demi-teinte car les obèses étaient deux fois moins nombreux en 1997. Et, plus inquiétant, la fréquence des obésités sévères dites de classe III (IMC ≥ 40) a sensiblement augmenté au cours des 15 dernières années, passant de 0,3 % en 1997 à 1,2 % en 2012. « On est encore loin de la situation des États-Unis où l’obésité était déjà à 15 % en 1997 », relativise la spécialiste.
De manière générale, cette tendance à la stabilisation est constatée dans l’ensemble des pays développés comme l’Angleterre,?l’Allemagne ou les Pays-Bas. L’étude est descriptive donc ne permet pas d’expliquer le phénomène. Toutefois, le Pr Arnaud Basdevant (chef de service et responsable médical du pôle endocrinologie de la Pitié-Salpêtrière, Paris) a avancé avec prudence : « On peut s’autoriser à penser que des campagnes de prévention ont marché mais il n’existe pas de preuves ».
Quant au surpoids, sa prévalence en population adulte a augmenté. Elle s’établit à 32,3 % contre 31 % en 1997. Ce qui signifie que 14,8 millions de personnes ont un indice de masse corporelle compris entre 25 et 29,9 (IMC normal entre 23 et 27).
Depuis près de 10 ans, la prévalence de l’obésité est plus marquée chez les femmes que chez les hommes : 15,7% des femmes présentent une obésité contre 14,3 % des hommes. De plus, elles sont plus nombreuses à souffrir d’obésité massive et la progression affecte particulièrement la classe d’âge de 18-25 ans.
L’obésité de classe II (IMC entre 35 et 39,9)affecte 3,7 % des femmes versus 2,5 % des hommes. Et les obésités sévères, de classe III, sont heureusement plus rares mais touchent quand même plus souvent les femmes (1,6 % contre 0,6 %). à l’inverse, le surpoids est toujours plus important chez les hommes (prévalence de 38,8 %) que chez les femmes (26,3 %).
L’obésité auggmente avec l’âge. Si c’est dans la tranche d’âge des 18-24 ans que la progression se fait la plus franche, les seniors ne sont pas en reste puisque 1,1 % des plus de 65 ans souffriraient d’obésité massive, « ce qui pose le problème de la prise en charge des comorbidités », a souligné le Dr Charles.
Disparités régionales
Les disparités régionales persistent depuis 3 ans avec un gradient décroissant Nord-Sud et Est-Ouest.
Depuis 1997, le marquage social persiste avec des différences socio-professionnelles stables. Bien que moins nette dans les catégories supérieures, l’augmentation de la prévalence de l’obésité a touché depuis 1997 toutes les catégories socio-professionnelles. L’analyse fine des résultats de l’édition 2012 de l’enquête ObÉpi révèle que la prévalence de l’obésité va de pair avec la perception des difficultés financières (qui n’est pas obligatoirement corrélée au niveau de revenus). Le taux d’obésité est en dessous de la moyenne nationale chez les individus se déclarant « à l’aise financièrement » et passe à 30 % chez les individus disant « ne pas y arriver sans faire de dettes ». Le Pr Basdevant a expliqué que le budget de l’alimentation était une valeur d’ajustement lorsque les revenus sont faibles ou perçus comme tels.
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