L'EXISTENCE d'un lien entre obésité, infection et altération de réponse immunitaire a récemment été suggéré par plusieurs études conduites chez l'animal et chez l'homme. Cependant, aucun de ces travaux n'a formellement analysé la réponse immunitaire induite par une infection bactérienne chez les sujets atteints d'obésité. Susan Leeman et coll. ont décidé de remédier à ce manquement en étudiant la réponse à une infection à P.gingivalis chez la souris.
Perte osseuse liée à la parodontite.
Les chercheurs ont inoculé la bactérie dans la bouche de souris obèses (obésité induite par la consommation d'un régime riche en lipides) et de souris témoins, minces. Dix jours plus tard, l'examen de la dentition des deux groupes d'animaux a révélé que la perte osseuse associée à la parodontite expérimentalement induite était plus importante de 40 % chez les souris obèses que chez les souris témoins. De plus, la bactérie avait davantage proliféré chez les souris obèses.
Les chercheurs ont alors émis une hypothèse selon laquelle les souris obèses ne seraient pas capables de lutter contre P.gingivalis en raison d'une altération du fonctionnement de leur système immunitaire.
Pour tester cette hypothèse, ils ont mesuré la concentration de différentes cytokines dans le sérum des deux groupes d'animaux.
Défaut de sécrétion de cytokines.
L'expérience a confirmé la théorie de l'équipe américaine : la réponse inflammatoire mesurée chez les souris obèses s'est révélée anormale, faible et tardive.
Lors d'une seconde série d'expériences, les chercheurs ont étudié l'activité des macrophages des deux groupes d'animaux lorsqu'ils sont mis en présence de la bactérie ou des lipopolysaccharides qu'elle libère. Là encore, il est apparu que la réponse immunitaire des cellules de souris obèses est particulièrement basse. Les défauts de la sécrétion des cytokines observés au cours de ces expériences s'accompagnent de modifications de l'expression des gènes impliqués dans l'inflammation.
Selon Susan Leeman, l'altération de la réponse immune observée chez les souris obèses n'est pas spécifique aux infections à P.gingivalis : le phénomène est certainement généralisable à l'ensemble des bactéries, voire à l'ensemble des agents infectieux. Cette théorie est étayée par une récente étude qui a montré que l'obésité est associée à une augmentation de la mortalité et à une dysfonction du système immunitaire chez les souris infectées par le virus influenza.
Amar S. et coll. « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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