LA FIBRILLATION AURICULAIRE (FA) est le trouble du rythme le plus fréquent. On s'attend à une augmentation drastique dans les années à venir : le nombre des FA sera multiplié par sept dans la décennie à venir. Sur quoi se fonde-t-on pour émettre de telles prévisions ? Sur les résultats d'études qui ont montré que l'avancée en âge, le diabète, l'HTA et les maladies cardio-vasculaires augmentent le risque de présenter une FA. Cette arythmie étant associée à un poids important en terme de morbidité, les cardiologues veulent trouver des solutions préventives en identifiant des facteurs de risque que l'on pourrait corriger.
Le surpoids étant associé significativement aux facteurs déjà identifiés avec certitude, l'obésité ne pourrait-elle pas représenter un facteur de risque, se sont interrogés Thomas J. Wang et coll. ? Ils répondent par l'affirmative, après avoir mené une investigation au sein de la cohorte de Framingham.
L'étude prospective observationnelle a été menée en ville chez 5 282 participants, dont 2 898 femmes (âge moyen de 57 ans), qui ne présentaient pas de FA ni de flutter auriculaire au commencement de l'étude. L'IMC (indice de masse corporelle) a été mesuré ainsi que les paramètres morphologiques cardiaques. Et l'on a calculé les risques de survenue d'une FA en fonction des catégories de poids.
Plus 4 % par point d'IMC.
C'est ainsi que pendant le suivi moyen qui a duré 13,7 ans, une FA est survenue chez 526 participants. Les résultats obtenus en utilisant un modèle multivarié ajusté pour les facteurs de risque cardio-vasculaires, y compris les infarctus et les insuffisances cardiaques, ont fait apparaître une augmentation de 4 % de la probabilité de survenue d'une FA pour un accroissement d'un point de l'IMC. En comparant avec des personnes ayant un IMC normal, le risque relatif de présenter une FA chez les obèses est de 1,52 chez les hommes et de 1,46 chez les femmes. Ensuite, cette association entre FA et obésité passe à l'évidence par une dilatation de l'oreillette gauche. Ainsi, après ajustement pour le diamètre de l'oreillette gauche mesuré à l'échographie (en plus de l'ajustement pour les facteurs cardio-vasculaires cliniques), l'IMC n'apparaît plus associé au risque de FA.
Effet de la réduction pondérale sur l'oreillette gauche.
La dilatation auriculaire gauche est une conséquence de l'excès pondéral. Les observations de Framingham montrent que les régimes ayant produit une réduction pondérale ont permis aussi une réduction de l'hypertrophie auriculaire gauche. Maintenant, on peut s'interroger sur les mécanismes par lesquels l'obésité produit un élargissement de l'oreillette gauche. Et il faut également vérifier que la perte de poids n'occasionne pas de FA et documenter les interactions possibles entre l'obésité et les traitements des FA chroniques et paroxystiques.
« Jama» 2004 ; 292 : 2471-2477.
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