LA LÉGÈRE BAISSE du nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) relevée en 2003 – 203 000 contre 207 000 en 2002 –, la première observée depuis 1996, ne s’est pas poursuivie l’année suivante, avec 210 664 avortements. Depuis leur autorisation en 1975 avec la loi Veil, leur nombre «n’a que peu varié en France métropolitaine», constate cependant la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministères de la Cohésion sociale et de la Santé)*. Sur 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans, 14,6 ont eu recours à une IVG, au lieu de 14,1 en 2003 et 12,3 en 1995.
Forte hausse chez les mineures.
Trois sur quatre des interventions concernent des 18-35 ans, et ce sont les 20-24 ans qui, proportionnellement, recourent le plus aux avortements, 27 pour mille. Parmi les mineures, on peut parler d’inflation depuis 1990 (+ 32 %), avec 11 500 jeunes filles de 15-17 ans, soit 1 sur 100. En 2003, elles étaient 11 000. Pour mille naissances chez les 15-17 ans, on enregistre 265 IVG, contre 105 à 18-19 ans, 45 à 20-24 ans, 12 à 25-29 ans, 11,5 à 30-34 ans, 30 à 35-39 ans, 53 à 40-44 ans et 140 à 45-49- ans.
La grande majorité des actes, 70 % (60 % en 1990), relèvent du secteur hospitalier public. Dans 9 cas sur 10, la durée de l’hospitalisation ne dépasse pas 12 heures. Le délai moyen entre la date de demande d’IVG et l’intervention, d’environ 9 jours, est très stable d’année en année.
La part des IVG médicamenteuses (jusqu’à 7 semaines d’aménorrhée) continue de croître : 42 % en 2004, contre 38 % en 2003 et 20 % en 1998. Depuis juillet 2004, elles peuvent être dispensées en médecine de ville, par un praticien ayant passé une convention avec une structure hospitalière. Au 31 décembre 2005, 500 praticiens libéraux étaient impliqués, soit 10 000 IVG.
L’Ile-de-France, la Corse, le Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur affichent les plus forts taux d’avortements, plus de 16 pour mille, au lieu de moins de 11 pour mille en Normandie**. Dans l’ensemble, «la tendance à la hausse ne semble pas s’expliquer par une moindre utilisation des contraceptifs», souligne la Drees. En 2005, en effet, 71 % des personnes âgées de 15 à 54 ans qui ont eu des rapports sexuels durant les douze mois précédents font état d’un moyen contraceptif (69,5 % en 1999). Chez les 15-19 ans, la pilule reste le moyen de contraception le plus en vogue (66 %), tandis que 56 % affirment recourir au préservatif (31 % en 2000).
Enfin, la contraception d’urgence, accessible en pharmacie sans prescription médicale depuis juin 1999, gagne du terrain. Selon le Baromètre Santé 2005 (Inpes), 13,7 % des femmes ont pris des comprimés de Norlevo au cours de leur vie. Ce sont surtout les jeunes qui y ont recours (33 % des 15-24 ans, contre seulement 9,7 % des 35-44 ans).
* « Etudes et résultats », n° 522, septembre 2006.
** 41,7 pour mille en Guadeloupe et 33,8 en Guyane.
En Europe
En Europe, à l’exception de Malte et de l’Irlande, le recours à l’IVG est autorisé partout, mais parfois uniquement sur indications médicales ou en cas de viol, comme à Chypre, en Espagne, en Pologne ou au Portugal.
La législation autorise l’IVG jusqu’à 10 semaines de grossesse en Slovénie, 18 en Suède, 24 en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas et 12 semaines dans les autres pays, dont la France.
C’est en Hongrie, en Lettonie et en Estonie que l’on enregistre les plus forts taux d’IVG : 20 pour 1 000.
En République tchèque, en Slovénie, en Slovaquie, en Lituanie, en Estonie, en Hongrie et en Italie, l’avortement demeure une pratique exclusivement chirurgicale.
Les interruptions volontaires de grossesse en France métropolitaine | |||||
1990 | 1995 | 2002 | 2003 | 2004 | |
Total IVG | 197 406 | 179 648 | 206 596 | 203 346 | 210 664 |
IVG pour 1 000 femmes de 15-49 ans | 14,0 | 12,3 | 14,4 | 14,1 | 14,6 |
Evolution | 9,0 % | 14,0 % | 1,6 % | 3,6 % | |
Répartition des IVG selon le groupe dâge | |||||
15-17 | 8 751 | 8 331 | 10 722 | 11 029 | 11 517 |
18-19 | 14 236 | 13 102 | 16 468 | 16 290 | 17 408 |
20-24 | 46 134 | 43 991 | 52 420 | 51 810 | 52 929 |
25-29 | 46 826 | 40 315 | 44 227 | 42 824 | 44 001 |
30-34 | 40 262 | 35 866 | 39 819 | 39 100 | 40 512 |
35-39 | 28 320 | 25 999 | 29 503 | 28 621 | 29 706 |
40-44 | 11 612 | 10 683 | 12 224 | 12 076 | 12 521 |
45-49 | 922 | 1 045 | 1 180 | 1 559 | 1 313 |
IVG pour 1 000 femmes | |||||
15-17 | 7,0 | 7,5 | 8,9 | 9,0 | 10,0 |
18-19 | 16,4 | 17,8 | 21,6 | 21,7 | 22,9 |
20-24 | 21,8 | 20,9 | 27,6 | 26,7 | 27,2 |
25-29 | 21,8 | 19,1 | 22,6 | 22,3 | 23,4 |
30-34 | 18,8 | 16,4 | 18,8 | 18,2 | 18,8 |
35-39 | 13,2 | 12,1 | 13,4 | 13,0 | 13,6 |
40-44 | 5,7 | 5,0 | 5,7 | 5,6 | 5,7 |
45-49 | 0,7 | 0,5 | 0,6 | 0,7 | 0,6 |
Total | 14,0 | 12,3 | 14,4 | 14,1 | 14,6 |
Sources : BIG, Pmsi-MCO, SAE (Dhos-Drees). |
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