C'EN EST FINI de la suprématie américaine ! Certes, les Anglo-Saxons tiennent encore le haut du pavé dans ce déversement de littérature étrangère (109 titres contre 113 l'an dernier), mais les Américains, avec 44 titres, sont désormais en nette minorité par rapport aux Anglais et aux auteurs du Commonwealth et autres anciennes colonies britanniques qui totalisent 62 titres.
Parmi ceux-ci, des Canadiens comme Alice Munro, Margaret Atwood ou Alissa York, mais aussi beaucoup d'écrivains australiens et d'origine indienne, d'Afrique du Sud, de Nouvelle-Zélande, du Nigeria ou de Samoa.
Le phénomène est similaire côté hispanique, puisque si les traductions espagnoles comptent encore 13 titres, 7 sont écrits par un Cubain (Senel Paz), un Salvadorien (Horacio Castellanos Moya), un Mexicain (Jordi Soler), un Colombien (Evelio Rosero), un Bolivien (Juan de Racacoechea), un Argentin (Rodrigo Fresan) et une Chilienne (Elizabeth Subercaseaux).
Côté scandinave – 13 titres également –, c'est l'islandais qui mène la danse avec 5 titres (Kristin Marja Baldursdottir, Halldor Laxness...), suivis du norvégien avec 4 romans (Sag Solstad, Sigrid Undset...), et du suédois avec les romans de Pär Lagerkvist et Torgny Lindgren.
L'assaut de l'allemand.
Un temps délaissé, l'allemand renaît de ses cendres avec pas moins de 22 traductions contre 11 l'année dernière, qui sont le fait de jeunes auteurs comme Charles Lewinsky (« Melnitz », Grasset) ou Sasa Stanisic (« le Soldat et le Gramophone », Stock) faisant déjà beaucoup parler d'eux.
Même regain d'intérêt pour le russe avec des auteurs comme Alex Ivanov (« Le géographe a bu son globe », Balland) ou Iouri Drojnikov (« Des anges sur la pointe d'une aiguille », Fayard).
Inattendus, trois jeunes Catalans « branchés » - Xavier Gual, Sergi Pàmies et Lluis Anton Baulenas – rivalisent chez Au Diable Vauvert, Jacqueline Chambon et Flammarion.
Toujours modeste, mais bien présente, la littérature de l'Europe de l'Est compte quatre Polonais (Leo Lipski, Hanna Krall), trois Serbo-Croates, une Tchèque (Hana Belohradska), un Hongrois (Béla Osztojkan), une Bulgare (Théodora Dimova), un Slovène (Lojze Kovacic), sans oublier l'Albanais Ismail Kadaré, dont Fayard publie toute l'oeuvre.
Les préférés des Français
Habitués des rentrées automnales, ces auteurs comptent parmi les préférés des lecteurs français.
AINSI Doris Lessing, qui, dans « Alfred et Emily » (Flammarion), revient sur un épisode de son enfance, durant la Première Guerre mondiale : blessé à la jambe par des éclats d'obus, son père fut amputé et obligé de porter une jambe de bois tandis que sa mère, infirmière, a soigné pendant quatre ans des blessés de guerre.
Ian McEwan situe son récit « Sur la plage de Chesil » (Gallimard) dans le Dorset, dans l'Angleterre puritaine de 1962, lorsque deux jeunes gens se sont retrouvés seuls dans une auberge pour y passer leur nuit de noces – une véritable épreuve de vérité.
Dans « El Bronx » (Mercure de France), le personnage de Jerome Charyn, le commissaire Isaac Sidel, devenu maire de New York, s'aventure dans le quartier chaud du Bronx à la recherche d'un enfant surnommé Aliocha, un véritable artiste qui peint des épitaphes sur les murs en souvenir de ses condisciples morts au cours de bagarres.
Attendu après « Un week-end dans le Michigan » et « Indépendance », « L'État des lieux » (éd. de l'Olivier) conclut la trilogie de Richard Ford : en 2000, dans le New Jersey, son héros Frank Bascombe, agent immobilier, est atteint d'un cancer et Sally l'a quitté ; c'est le moment pour lui de dresser le bilan de sa vie et de s'interroger sur la mort.
Le nouveau roman de Salman Rushdie, « l'Enchanteresse de Florence » (Plon), se situe au début du XVIe siècle lorsqu'un jeune Florentin arrive à la cour d'Akbar, le grand Moghol ; il prétend être le fils de l'enchanteresse de Florence et se hisse à un rang élevé parmi la cour.
À paraître en octobre, « la Fille du fossoyeur », de Joyce Carol Oates (Philippe Rey), s'intéresse à Rebecca Schwart, dont la famille a fui l'Allemagne nazie et a échoué dans une petite ville de l'État de New York, où le père, gardien de cimetière, subit humiliations et frustrations ; un héritage lourd et douloureux qui pèse sur sa vie d'enfant, de femme et de mère.
Enfin, le dernier roman, mais pas le moindre si l'on considère le nombre de ses pages, près de 1 200, « Contre-Jour » de Thomas Pynchon, est un roman d'aventures où se croisent, entre 1893 à Chicago, et le début des années 1920, à Paris, personnages de fiction et figures historiques ; autour de la famille Traverse – le père mineur syndicaliste et ses quatre enfants –, l'auteur évoque les luttes anarchistes dans l'Ouest américain, le New York du tournant du siècle et il entraîne le lecteur en Europe, en Asie et dans le Mexique de la révolution.
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