Des souris aux lentilles
Les objets du quotidien potentiellement porteurs de bactéries, y compris de souches multirésistantes, sont partout : téléphones, souris d'ordinateurs, claviers, portes, barres d'appui dans les transports en commun, équipements des salles de sport… Pour le Pr Andreas Voss (Pays-Bas), une désinfection devrait être effectuée très régulièrement pour éviter la diffusion dans la communauté de bactéries multirésistantes. Déjà, des cas d'infection mycosique cornéenne chez des jeunes porteurs de lentilles cornéennes ont pu être mis en relation avec des contacts cutanés banals. Les solutions de désinfection sont en effet actives contre le seul Fusarium solani. Or 38 % des infections des jeunes personnes de l'étude étaient en rapport avec Penicillium et 30 % avec Aspergillus, deux souches très oculo-pathogènes qui ne sont pas sensibles aux produits désinfectants habituellement utilisés.
Des toilettes publiques aux médecins
La bataille de l'hygiène des mains n'est pas encore gagnée à l'hôpital. Le Dr Verhoeven (Pays-Bas) a pu préciser que 97 % des 300 professionnels de santé qu'il a interrogés ont des connaissances limitées sur l'hygiène des mains : mode de transmission des staphylocoques méthyrésistants, utilité du lavage, fréquence idéale de la désinfection. Par ailleurs, 24 % n'ont pas une perception suffisante des risques liés à une mauvaise hygiène.
L'équipe du Dr Van de Vegt (Pays-Bas) s'est intéressée à l'hygiène des mains dans trois populations distinctes : la première était constituée de personnes qui travaillent dans des hôpitaux ou des laboratoires scientifiques ; la deuxième de participants à un congrès de spécialistes en microbiologie (congrès ECCMID 2007) ; la troisième de personnes qui fréquentaient les toilettes publiques sur une aire d'autoroute. Les résultats sont sans appel. Les professionnels de santé ne sont que 46 % à se laver les mains en sortant des toilettes, dans le grand public des aires d'autoroute, la proportion passe à 75 % et les plus sérieux, sur l'hygiène, sont les microbiologistes qui sont 84 % à se laver les mains.
Des hommes aux chiens
Les bactéries humaines résistantes peuvent être à l'origine de décès chez nos compagnons à 4 pattes. Des infectiologues italiens ont proposé une étude après la mort de 12 chiots en raison d'infection néonatale à staphylocoques méthyrésistants. Chez un couple qui hébergeait 7 de ces chiens, l'équipe du Dr M. Corrente (Rome) a procédé à une recherche bactériologique sur les animaux de la maison, leurs maîtres et les personnes qui s'occupaient des chiots. Dix-sept souches de staphylocoques résistants ont pu ainsi être identifiées. L'infection a vraisemblablement été rapportée au domicile par deux des personnes qui travaillent dans un hôpital. Pour le Dr Corrente, « la diffusion de zoonoses de ce type pourrait être à l'origine d'une augmentation du nombre des SRAS méthyrésistants dans la communauté et pourrait influer négativement sur le contrôle bactériologique de ces micro-organismes ».
De l'hôpital à la maison
Un quart des humains est porteur cutané, de façon transitoire ou persistante, de staphylocoques dorés. Mais le risque est majoré chez les professionnels de santé et leur famille. L'équipe du Dr D. Lo (Pays-Bas) a pratiqué un écouvillonage nasal chez 342 professionnels de santé : 11,4 % étaient colonisés de façon persistante, 26,9 % transitoirement et 61,7 % n'avaient jamais été infectés. Des signes d'infection persistante ont été diagnostiqués dans 2 familles, alors que dans 57 autres, plusieurs membres étaient atteints par des formes transitoires. Aucun signe d'infection n'a été noté dans 29 familles. Aux Pays-Bas, on estime que de 0,3 à 1,1 % des familles dans lesquelles n'existe aucun personnel de santé sont concernés par un portage de staphylocoques.
Du gel d'échographie aux patients
Sur les 669 bouteilles de gel pour échographie analysées par l'équipe du Dr M Eyigor (Turquie), 222 étaient colonisées par des bactéries. Il s'agissait majoritairement de Burkholderia spp (21 isolats). La totalité des contaminations a été retrouvée dans des flacons qui provenaient du même fabricant et qui étaient vendus 1 euro pièce. Pour les hôpitaux qui avaient choisi d'acheter du gel à 6 euros chez un autre fournisseur, aucune contamination n'a été détectée.
* European Congress of Clinical Microbiology and Infectious Diseases.
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