Les oeuvres de Primatice au Louvre

L'Italien de Fontainebleau

Publié le 14/10/2004
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CENT SOIXANTE-QUINZE dessins, 50 estampes, 20 peintures, 25 sculptures, 4 tapisseries : c'est un vaste panorama de l'œuvre du Primatice (1504-1570) que présente le Louvre, dans une grande exposition monographique, la première jamais consacrée au plus français des artistes italiens de la Renaissance. Elle dévoile la variété des croquis, études et dessins préparatoires que ce créateur de génie conçut tout au long de sa vie, et plus particulièrement pendant les quarante ans durant lesquels il honora le règne des Valois. Formé à Mantoue par Giulio Romano, l'un des élèves de Raphaël, il rencontre Rosso Fiorentino qui, dès 1530, fut aux commandes de la décoration de la galerie François Ier à Fontainebleau. Primatice devient l'assistant de Rosso, et prend en charge l'aménagement des appartements royaux, jusqu'à parvenir (après la mort du grand maître en 1540) à la tête des entreprises royales, en qualité de surintendant des bâtiments et de peintre du roi.
Fontainebleau devint alors l'un des foyers les plus remarquables du maniérisme. Une « nouvelle Rome », qui connut des années de fièvre créatrice grâce à Primatice.
Celui-ci exécuta une multitude de décors intérieurs (la galerie basse, l'appartement des bains, le cabinet du roi...). Il décora de sculptures le jardin du château (la Fontaine d'Hercule). Il initia le chantier de la galerie d'Ulysse, qui fut achevé après sa mort. Il entreprit de nombreux séjours en Italie d'où il rapporta les dernières explorations du maniérisme italien. Il réalisa des sculptures funéraires, du tombeau des Guise à l'urne du cœur de François Ier ; on lui doit également la rotonde des Valois à Saint-Denis ainsi que des toiles (Autoportrait, la Sainte Famille, Ulysse et Pénélope).

Un trait gracieux.
Primatice dessinait toutes ses idées d'un trait gracieux et fébrile, et les confiait ensuite aux différents corps de métier. Sa connaissance et son génie de l'art décoratif étaient vastes. Il s'entourait volontiers de peintres, d'émailleurs et de sculpteurs, et faisait également reproduire ses sujets sous forme d'estampes. L'exposition dévoile à la fois ses grands projets et ses œuvres mythologiques, allégoriques, religieuses et héroïques. L'élégance et le raffinement y triomphent, ainsi qu'une touche voluptueuse de maniérisme florentin, qui marque les détails ornementaux propres au style de l'école de Fontainebleau.
Cette exposition est recommandable à plusieurs titres. Elle jette la lumière sur un artiste trop peu connu et reconnu en France, où la Renaissance ne jouit pas de la faveur qu'elle mérite. Elle fait découvrir à beaucoup une œuvre d'une richesse somptueuse. Elle montre la grande influence que l'école de Fontainebleau eut sur l'art français, jusqu'à Poussin, et même au-delà. Elle rend enfin hommage à un serviteur éminent de la monarchie française qui dévoua son art au prestige des Valois.

« Primatice, maître de Fontainebleau ». Musée du Louvre. Hall Napoléon. Paris 1er. Tél. 01.40.20.53.17. Jusqu'au 3 janvier 2005.
A lire : catalogue de l'exposition, Ed. RMN, 528 pages, 60 euros ; « le Maniérisme, une avant-garde artistique au XVIe siècle », de Patricia Falguières, Découvertes Gallimard, 160 pages, 13,80 euros.
A voir, dans le cadre de la saison « L'Italie à la cour de France » : Rosso Fiorentino, Le Christ mort, Louvre, jusqu'au 3 janvier. Et aussi des conférences, des films, des concerts, des lectures, du théâtre et des débats à l'auditorium du Louvre (tél. 01.40.20.55.00, www.louvre.fr).

> DAPHNÉ TESSON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7612