TENDUES SOUS LE VENT, les gigantesques voiles blanches propulsent silencieusement le majestueux bateau dont la lame d'étrave creuse un sillon éphémère dans les eaux bleues de la Méditerranée. Avec ses 5 mâts vertigineux et ses 5 000 m2 de voilure déployés, le « Royal Clipper » coupe littéralement le souffle lorsque son élégante silhouette blanche profilée de bleu fend les flots vers la haute mer au sortir de Civitavecchia, le port d'embarquement près de Rome.
Alliant le charme des anciens clippers de la marine à voile et le confort le plus moderne, le « Royal Clipper » fait partie des plus beaux navires de croisière du monde. A bord, tout a été étudié pour rendre le séjour inoubliable : acajou, teck, marbre et cuivre poli, lithographies et tableaux anciens, spacieuses cabines climatisées (14 m2) ou suites (19 m2) avec balcon-terrasse, toutes dotées d'une salle de douche, d'un téléphone et d'une télévision avec lecteur DVD.
Conforme à la tradition des gens de mer, la table est particulièrement soignée. On y déjeune décontracté et sans façon au soleil, sur le pont, au Tropical Bar ou au buffet du monumental restaurant desservi par un grand escalier reliant trois ponts. Plus solennel, avec ses colonnes blanches, ses fresques et ses banquettes de velours rouge, on y dîne le soir de manière plus formelle – tenue habillée de rigueur – sacrifiant à tour de rôle à la traditionnelle invitation à la table du commandant.
A bord, pas d'emploi du temps rigide. Les passagers disposent d'une entière liberté pour meubler les journées et les nuits en mer.
Deux bars, deux solariums, trois piscines, un club de remise en forme et de massage et un luxueux spa, le Captain Nemo Lounge, sont à leur disposition, ainsi qu'une bibliothèque généreusement approvisionnée en livres et en DVD récents (que l'on peut emprunter gratuitement). Les activités nautiques – plongée sous-marine, ski nautique, dériveur, planche à voile, etc. – se pratiquent lors des escales.
A l'issue du briefing quotidien sur le pont, le capitaine et son équipage initient les passagers à l'art de gréer les voiles. Les plus audacieux sont invités à grimper aux mâts (préalablement brêlés par un harnais de sécurité) pour atteindre les nids d'observation aménagés de sièges confortables d'où l'on peut profiter d'une vue incomparable. Sujets au vertige s'abstenir.
A Pompéi, « la Bataille d'Issos », Ier siècle av. j.-C.(DR)Les fresques de Pompéi.
Du port de Civitavecchia jusqu'aux avant-postes de la Sicile, la croisière se déroule au gré du vent et des escales.
Chaque jour, le grand voilier jette l'ancre pour permettre la découverte des magnifiques côtes amalfitaines avec leurs villages accrochés au flanc des montagnes, leurs jardins escarpés et leurs routes en corniches dominant la mer.
Après une première escale à Ponza, pittoresque village perché à flanc de colline, avec ses maisons aux façades pastel, blanches et bleues, le voilier navigue dans le golfe de Naples où, selon Homère, Ulysse résista aux chants des sirènes. Escale à Sorrente, direction Pompéi, la cité romaine surprise par l'éruption du Vésuve en 79 avant notre ère.
Si la plupart des plus belles fresques et mosaïques de Pompéi, comme celles de la villa des Mystères ou celles de Ciceron, retrouvées presque intactes, sont aujourd'hui exposées au Musée archéologique de Naples, la visite de la cité morte s'impose. Dans le jardin de la maison des Amours dorés, on peut encore admirer le saisissant relief en marbre des masques des Ménades et de Pan, et dans la maison du Faune, amputée de la très chaude mosaïque Satyre et nymphe, une belle copie de la célèbre mosaïque de la bataille d'Issos (33 av. J.-C.) où l'on voit Alexandre le Grand disloquant les lignes perses devant un Darius terrifié, qui réussira de justesse à s'enfuir. On titillera le cochon qui sommeille en nous en musardant dans les petites salles ornées de fresques érotiques du lupanar, l'endroit du site qui, d'après les guides, attise la curiosité d'une majorité de touristes.
Positano, sur la côte amalfitaine, classée au patrimoine de l'UNESCO(DR)Les villas de Capri.
En face de Sorrente apparaît Capri, la perle du golfe de Naples, considérée comme « la plus belle île du monde ».
La réputation un tantinet frelatée de ce refuge doré de la jet-set des années soixante et du tourisme organisé n'est pas totalement usurpée car l'île réserve de très belles surprises. L'empereur Auguste, l'héritier de César, ne s'était pas trompé en faisant de ce minuscule îlot baigné par le bleu cobalt de la mer Tyrrhénienne son domaine privé. Pas plus que son successeur, le sulfureux Tibère, qui la transforma tout entière en résidence impériale avec quelque douze somptueux palais différents dont il reste encore des vestiges, comme la résidence de Damecut, au-dessus de la célèbre grotte d'Azur, ou la villa Jovis, au sud, perchée sur un promontoire dominant la baie de Naples. C'est là que se trouve le « saut de Tibère », formidable falaise d'un à-pic de 300 mètres. La légende dit que le cruel empereur y précipitait ceux qui avaient le malheur de lui déplaire. Vrai ou faux ? Les historiens d'aujourd'hui contestent très sérieusement cette image outrancière.
Longtemps délaissée, à part la visite de quelques voyageurs comme Alexandre Dumas au XIXe siècle, l'île redevint célèbre grâce au « Livre de San Michele », le roman du médecin suédois Axel Munthe. Sa villa attire encore aujourd'hui des centaines de touristes.
Tout aussi célèbre est la villa construite par l'écrivain et journaliste Curzio Malaparte, l'auteur de « la Peau » et de « Technique du coup d'Etat ». Bâtie sur un promontoire rocheux quasiment inconstructible à Punta Masullo, l'étrange demeure, avec son escalier et son toit-terrasse qui servit de cadre au « Mépris », de Jean-Luc Godard, est un pur chef-d'oeuvre d'architecture du rationalisme italien.
Préservée par son histoire millénaire, Capri garde entier son mystère. Le soir, quand le dernier bateau a ramené les flots de touristes vers le port de Naples, la petite île redevient elle-même, c'est-à-dire un vrai paradis qui n'est pas près de finir.
Amalfi, république maritime.
Entre Sorrente et Salerne, la côte amalfitaine, classée au patrimoine de l'UNESCO, s'offre vierge de toute construction parasite avec son sublime paysage de falaises de granit, d'alignements d'oliveraies, ses collines fleuries, ses petites criques et plages et ses villages à flanc de montagne, comme perchés entre ciel et mer.
Escale à Amalfi, petite ville d'allure espagnole avec ses maisons blanches et sa cathédrale polychrome. Amalfi, qui fut jadis la plus grande république maritime d'Italie. Dédiée à saint André, premier apôtre de Jésus qui évangélisa la Grèce et l'ancienne Russie, l'imposante cathédrale est un chef-d'oeuvre où se mêlent avec une étrange cohérence la rigueur et le dépouillement du style roman, le baroque flamboyant et les influences byzantine et orientale.
D'autre escales le long de la côte amalfitaine attendent le « Royal Clipper » qui cingle vers la Sicile, son immense voilure gonflée par le vent du large.
Pour partir
TRANSPORTS:
Vols Paris/Rome à partir de 132 euros A/R TTC sur Alitalia et Air France. Renseignements :
– Alitalia. Tél. 0.820.315.315 et www.alitalia.com.
– Air France. Tél. 36.54 et www.airfrance.fr.
CROISIERES:
A partir du 3 mai, le « Royal Clipper » reprend ses croisières « italiennes » d'été, au départ de Civitavecchia, le port de Rome. En mai et juin, il effectuera des croisières d'une semaine vers la Sicile, avec escale à Ponza, Sorrente et Capri, Amalfi, Taormine, Lipari, et une journée complète en mer. Prix pour une semaine, de 1 665 euros (cabine) à 3 495 euros (suite luxe avec balcon-terrasse) Rome/Rome les 8 jours/7 nuits en pension complète. Taxes portuaires en sus : 190 euros par personne.
Avec les vols Paris/Rome/Paris (chez Kuoni) à partir de 2 075 euros TTC Paris/Paris la semaine en pension complète, taxes et transferts compris. Départs tous les samedis du 3 mai au 21 juin inclus.
La compagnie Star Clippers organise des croisières à bord des deux autres bateaux jumeaux de sa flotte, le « Star Clipper » et le « Star Flyer » (180 passagers), dans les Caraïbes, en Asie du Sud-Est et dans les îles grecques et turques.
RENSEIGNEMENTS:
– Star Clippers, Paris. Tél. 01.39.21.10.98 et www.starclippers.com.
– Kuoni/Croisières du soleil. Tél. 0.820.05.15.15, 01.53.10.50.30 et www.kuoni.fr.
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