UNE EQUIPE de l'European Organization for Research and Treatment of Cancer (Eortc) a entrepris, en 1986, une étude visant à évaluer l'efficacité à long terme, chez des adultes atteints d'astrocytomes ou d'oligodendrogliomes de faible grade, de la radiothérapie pratiquée immédiatement après l'exérèse chirurgicale de la tumeur ou différée jusqu'à la survenue d'une progression. Entre mai 1986 et septembre 1997, les patients recrutés par 24 centres européens ont été randomisés entre un groupe de radiothérapie précoce (n = 154) et un groupe témoin (n = 157).
Cette étude avait fait l'objet, en 1998, d'une analyse intermédiaire. Elle n'avait mis en valeur qu'un léger allongement (7 %) de la survie à cinq ans sans progression, sans amélioration de la durée de survie globale. L'analyse finale a confirmé l'accroissement du délai de progression dans le groupe ayant bénéficié d'une radiothérapie précoce (5,3 ans contre 3,4 ans dans le groupe témoin), le gain à cinq ans s'étant toutefois révélé supérieur à celui révélé par l'analyse intermédiaire (20 %, au lieu de 7 %). Mais, là encore, aucune amélioration de la durée de survie médiane n'a été constatée (7,4 ans contre 7,2 ans dans le groupe témoin).
Les auteurs de l'étude expliquent cette absence d'amélioration de la survie comparativement à celle du groupe témoin, par l'efficacité de la radiothérapie de sauvetage instaurée chez la plupart de ces derniers dès la constatation d'une rechute. De fait, la survie après progression a été significativement plus prolongée dans le groupe témoin que dans celui précocement traité par radiothérapie. Pour les investigateurs, cela pourrait signifier que la radiothérapie agit aussi efficacement sur les récidives tumorales, qu'immédiatement après l'exérèse de la tumeur initiale.
Les données de cette étude semblent, en outre, démentir l'hypothèse antérieure selon laquelle le traitement radiothérapique précoce des gliomes de faible grade était susceptible d'induire leur transformation maligne. En effet, les observations recueillies lors des réinterventions chirurgicales, pratiquées en raison de récidives ont montré que, dans 65 à 72 % des cas, ces dernières s'étaient manifestées sous la forme de tumeurs de haut grade et ce avec une incidence similaire dans les deux groupes.
Un « attentisme vigilant ».
Les auteurs considèrent que, chez un patient encore jeune présentant un gliome de faible grade dont la traduction clinique se limite à la survenue de crises convulsives, un « attentisme vigilant » constitue une attitude licite, compte tenu du fait que la progression radiologique ou clinique ne survient classiquement qu'après un délai prolongé. Ce n'est qu'à la constatation d'une progression que le traitement sera instauré. En revanche, chez les patients présentant des déficits focalisés, des signes d'hypertension intracrânienne ou des troubles cognitifs, le traitement doit être mis en œuvre sans délai, la stratégie consistant en une exérèse la plus large possible. En outre, une radiothérapie semble recommandée chez la plupart des patients.
M.J. van den Bent et coll., « Lancet », 17 septembre 2005.
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