Remarquable exposition (servie par une bonne scénographie) que celle consacrée à Ensor par le musée d’ Orsay où l’on retrouve une centaine de ses toiles, dessins et estampes.
Les curiosités des magasins de souvenirs tenus par sa famille, le carnaval de sa ville avec ses folies et ses masques délirants marquent dès l’enfance cet égocentrique casanier né et mort à Ostende. Pour raconter son plat pays, les rues, les intérieurs petits-bourgeois étouffants , quelques natures mortes, Ensor se sert d’une matière riche, épaisse, et ses couleurs sont somptueuses (« La Mangeuse d’huîtres »,1882). Mais, très vite, l’amour de la lumière (« La lumière est ma fille », disait-il) lui inspire des œuvres, aussi bien graphiques que picturales, où il égale Rembrandt et Turner.
Toiles hallucinées
Incompris même par certains critiques amis, amer, désespéré, Ensor manie alors une ironie féroce envers lui-même et les autres dans des toiles hallucinées aux couleurs acides où masques et squelettes prennent la place des humains honnis. Parallèlement, grinçant et volontiers scatologique, son humour (« Les mauvais médecins ») véhicule une critique sociale extrêmement virulente.
Le XXe siècle le voit enfin reconnu et comblé d’honneurs - mais son inspiration s’épuise dès 1900… Comme Van Gogh cependant (et avant lui), il avait eu le temps de créer une expression picturale totalement originale qui a contribué à faire entrer la peinture dans l’ère moderne.
A lire : « Ensor, le carnaval de la vie », par Laurence Madeline. Hors-Série Découvertes Gallimard, 8,40 euros.
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