C’est une petite révolution que vient de déclencher la France dans la revue en ligne PLos ONE (février 2009). Un groupe de chercheurs* du CEA, de l’Inserm et de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris vient de remettre en course l’IRM dans l’étude de l’autisme. L’imagerie par résonance magnétique nucléaire montre en effet que plus de 40 % des enfants autistes présentent des anomalies cérébrales : anomalies de la substance blanche, dilatation des espaces de Virchow Robin, anomalies du lobe temporal à type d’hyper-signal sous-cortical du lobe temporal. En dépit de nombreuses tentatives menées ces dernières années, le consensus actuel penchait plutôt vers l’inefficacité de l’IRM : « La prévalence des lésions en IRM chez les enfants autistes est similaire à celle des sujets contrôles. Les études réalisées en scanner et en IRM pour distinguer les autistes des sujets atteints d’autres troubles ont confirmé l’absence d’anomalies structurales cérébrales significatives. », concluait par exemple l’Académie américaine de neurologie dans ses recommandations de 2000. Pour les chercheurs français, cela s’explique car les anomalies qu’ils ont mises en évidence « ne peuvent pas être détectées lorsque l’on se contente d’une séquence en T1 ». Au total, 77 enfants atteints d’autisme (à l’exclusion des formes atypiques et du syndrome d’Asperger) ayant entre 2 et 16 ans et demi avaient été inclus (âge moyen 16,6 ans ; extrêmes : 2,3-16,6) et leurs IRM lues en aveugle (pour le diagnostic) par deux radiologues expérimentés en neuroradiologie pédiatrique. L’IRM fut considérée comme ininterprétable pour 8 enfants autistes (10 %) et anormale pour 40 % des autres enfants atteints (33/69).
Trois anomalies
Dix-neuf patients (28 %) présentaient des anomalies de la substance blanche (associées à d’autres anomalies pour 17 d’entre eux), 12 patients avaient une dilatation des espaces de Virchow Robin (6 n’avaient d’ailleurs que cette anomalie), et 20 patients des anomalies du lobe temporal à type d’hyper-signal sous-cortical du lobe temporal (dont 3 avaient cette seule anomalie). Ce sont finalement 30 sujets (sur 77) qui présentaient des anomalies de la substance blanche. Pour les auteurs, « il est très possible que ces hyper-signaux soient seulement la partie émergée de l’iceberg en terme de lésions structurales de la substance blanche. Ainsi, la présence et la sévérité des hyper-signaux de la substance blanche associés à l’autisme pourraient être interprétées comme la conséquence ultime de processus microstructuraux sous-jacent affectant les connections cérébrales […] ». D’ores et déjà, le Pr Brunelle juge « indispensable de réaliser une IRM chez tout enfant chez lequel un retard mental et/ou un autisme est diagnostiqué. Il est indispensable en effet d’éliminer tout autisme secondaire à une maladie métabolique, une malformation ou une lésion cérébrale ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature