PRATIQUE
Le lipome est une tumeur cutanée bénigne développée aux dépens des adipocytes du derme profond et de l'hypoderme.
Le diagnostic clinique est évoqué chez l'adulte par la palpation d'une tuméfaction sous-cutanée arrondie ou ovale, parfois polylobée, moins bien limitée qu'un kyste, très mobile dans tous les plans, de consistance molle ou élastique, et totalement indolore.
De taille variable, le lipome peut apparaître sous forme d'une voussure que le malade perçoit, mais il peut n'être visible qu'à jour frisant ou être invisible et seulement palpable. Dans tous les cas, la peau qui le recouvre reste normale sans aspect inflammatoire.
Les lipomes peuvent siéger sur toutes les parties du corps et certaines localisations, sans être pour autant les plus fréquentes, méritent d'être citées : la région cervicale postérieure (lipome souvent très volumineux) ; le front : le lipome du front chez l'homme peut être trompeur et en imposer pour un kyste, alors qu'il est profond et sous-aponévrotique ; la région lombosacrée : le lipome lombosacré pouvant être révélateur d'une dysraphie spinale occulte.
Les lipomes peuvent être uniques ou multiples, parfois très nombreux, localisés à la racine des bras, à la racine des cuisses et sur la paroi abdominale. Cette forme de lipomes multiples est souvent familiale.
Gênants lorsqu'ils deviennent visibles, les lipomes sont le plus souvent indolores, sauf si leur croissance est très rapide ou s'il existe une composante vasculaire (angiolipomes), ils peuvent alors être sensibles à la pression.
Le lipome étant une tumeur toujours bénigne, aucun objectif médical ne justifie une exérèse.
Le plus souvent, c'est le patient qui en fait la demande parce que la lésion est visible et/ou sensible ; le praticien doit alors l'informer de la rançon cicatricielle à payer, la cicatrice pouvant être plus visible que la lésion initiale.
Les lipomes sont enlevés chirurgicalement sous anesthésie locale en faisant une incision plus petite que la taille du lipome ou par liposuccion, méthode réservée aux lipomes très volumineux et si la topographie s'y prête.
ll existe un risque de récidive après exérèse chirurgicale lorsque les lipomes sont mal limités, notamment dans les formes familiales de lipomes multiples et dans les lipomatoses diffuses symétriques. La plus connue est la lipomatose de Launois Bensaude, fréquemment associée à un éthylisme, qui se caractérise par la présence de lipomes souvent volumineux localisés sur la nuque, les zones occipitales, les régions cervicales, sus-claviculaires, scapulaires, mais aussi sur le tronc et les membres supérieurs.
En dehors de ces grandes lipomatoses qui peuvent avoir des conséquences esthétiques et fonctionnelles majeures, il n'y a pas de motif médical d'exérèse d'un lipome dès lors que le diagnostic est certain cliniquement.
En revanche, l'exérèse se justifie devant toute suspicion de tumeur sous-cutanée qui ne serait pas d'origine graisseuse, notamment un lymphome sous-cutané.
En pratique, tout « lipome » qui s'accompagne d'un aspect inflammatoire de surface et tout « lipome » de consistance très ferme d'évolutivité récente justifient un geste chirurgical qui permet de confirmer le diagnostic en mettant en évidence les amas graisseux caractéristiques.
D'après un entretien avec le Pr Béatrice Crickx (hôpital Bichat, Paris).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature