En temps normal, le dispositif de l'Institut de veille sanitaire (InVS) repose sur la surveillance d'un certain nombre de maladies infectieuses par le biais de leur déclaration obligatoire. Ce dispositif a été activé dans le cadre du plan Biotox à la suite des événements du mois de septembre dernier. La surveillance a été renforcée sur des maladies que l'on avait cessé de surveiller, comme le charbon, la variole, la peste ou le botulisme, devenues très rares.
Une information centralisée
Le fonctionnement de l'InVS s'appuie tout d'abord sur les professionnels de santé, médecins et biologistes. Dans un premier temps, le médecin qui se trouve devant un cas de maladie à déclaration obligatoire doit le signaler auprès de la direction départementale de l'action sanitaire et sociale (DDASS) et du médecin de santé publique. Celui-ci complète à son tour une fiche épidémiologique sur la maladie et la fait remonter immédiatement à l'Institut de veille sanitaire. Ainsi, lorsqu'un début d'épidémie est observé dans plusieurs départements éloignés les uns des autres, l'information est centralisée. C'est de la confrontation de ces informations que naît ou non l'investigation épidémiologique : si on estime se trouver en présence d'une situation épidémique ou préépidémique, l'objectif est d'identifier l'origine et le mécanisme de la transmission du phénomène pour le contrôler au plus vite.
« La notion d'épidémie va dépendre de la maladie : dans le cas du charbon, précise le Pr Jacques Drucker (président de l'InVS), un seul cas va déclencher une investigation épidémiologique, car la maladie a quasiment disparu en France. Les mesures de sécurité sont alors renforcées, sans attendre que le diagnostic soit confirmé ni qu'une personne ait présenté le moindre symptôme. C'est ce que recommande le plan Biotox ».
Dépister tout phénomène sanitaire anormal
L'InVS travaille non seulement sur le charbon mais aussi sur la peste, même si les risques semblent moindres car c'est un germe beaucoup plus difficile à maîtriser, ainsi que sur le botulisme et la variole. Si un cas de variole venait à être déclaré, l'alerte serait mondiale puisqu'elle a complètement disparu de la planète. Mais au-delà de la notification de maladies bien cernées, l'InVS est à même de dépister tout phénomène sanitaire anormal, à condition que tout syndrome ou regroupement de malades qui présentent une maladie infectieuse sans diagnostic précis, mais suffisamment grave, leur soit signalé.
On comprend que les effectifs de l'InVS aient été renforcés à la fois au niveau de l'institut et des différents centres nationaux de référence. De sorte que le dispositif est pleinement opérationnel pour une éventuelle alerte et ses capacités de détection et d'investigation majorées.
*Une cellule d'information a été mise en place par le ministère de la Santé pour fournir des réponses aux questions que se posent les médecins ou qui leur sont posées sur le bioterrorisme avec un Numéro Vert : 0800.240.250
Les stratégies interministérielles contre le bioterrorisme
Elaboré dès la fin 1999 par Bernard Kouchner pour faire face à une action terroriste chimique ou biologique, le plan interministériel baptisé Biotox a fait l'objet, après les attentats du 11 septembre 2001, d'une réactualisation dans les domaines de la prévention et de la surveillance, avec pour conséquence le redoublement des précautions. Notamment, à titre de prévention, la sécurité des sites de production pharmaceutique a été renforcée, tout comme celle des circuits de production et de circulation de produits biologiques à risque (peste, charbon, brucellose, variole, agents des fièvres hémorragiques, Clostridium botulinum et toxines botuliques, entérotoxines B du staphylocoque, toxine diphtérique...). L'eau a été sécurisée avec une utilisation appropriée de la chloration. Cinq millions de doses de vaccins antivarioliques ont été immédiatement disponibles et quelques centaines de milliers de doses d'antibiotiques (ciprofloxacine et doxycycline) ont été mobilisées pour faire face à une éventuelle épidémie de la maladie du charbon. Enfin, la déclaration de cette dernière est devenue obligatoire.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature