LES TRAVAUX d’une équipe de recherche américaine pourraient aboutir à la mise au point d’un nouveau type de stratégie antitumorale se fondant sur l’inactivation d’une cytokine pro-inflammatoire, l’interleukine 23 (IL23).
Langowski et coll. ont en effet découvert que l’activité de cette protéine joue un rôle majeur dans l’établissement et la croissance des tumeurs : la cytokine IL23 est non seulement responsable de l’infiltration de cellules inflammatoires qui favorisent la tumorigenèse, mais aussi de l’inhibition de l’activité antitumorale des lymphocytes T CD8. En provoquant une réduction des phénomènes inflammatoires associés aux tumeurs et un renforcement de l’activité des cellules T cytotoxiques, la suppression de la fonction IL23 par des méthodes médicamenteuses pourrait permettre d’obtenir une régression tumorale.
Pour arriver à cette conclusion, Langowski et coll. ont étudié le niveau d’expression de diverses cytokines au sein de tissus tumoraux. Leur attention s’est focalisée sur deux cytokines structurellement apparentées, mais dont les fonctions sont divergentes : IL12 et IL23.
Expression élevée dans des échantillons tumoraux.
Alors que l’activité d’IL12 conduit au développement d’une réponse immunologique classique (cytotoxique, antimicrobienne et antitumorale), celle d’IL23 entraîne le recrutement de cellules inflammatoires et de cellules qui produisent de l’IL17, une cytokine impliquée dans l’angiogenèse des tumeurs. Il est apparu que, contrairement à celle d’IL12, l’expression d’IL23 était significativement augmentée dans la très grande majorité des échantillons tumoraux analysés (par comparaison avec le niveau d’expression mesuré dans les tissus sains adjacents). Ce phénomène était corrélé à une augmentation du niveau d’IL17 et à une forte infiltration des échantillons par des macrophages et des neutrophiles.
L’utilisation de souris génétiquement modifiées a ensuite permis aux chercheurs de préciser le rôle spécifique de chacune des deux cytokines dans la tumorigenèse.
Anticorps anti-IL23.
Langowski et coll. ont montré que l’absence d’IL23 protège les souris de l’effet délétère de substances chimiques cancérogènes. Elle induit en outre une résistance au test de provocation se fondant sur l’injection de cellules tumorales ou sur la greffe sous-cutanée de cellules tumorales. L’absence d’IL12 a des effets radicalement opposés : elle favorise la formation, l’établissement et la croissance tumorale.
Ces résultats associés à ceux d’expériences complémentaires suggèrent que le rôle d’IL12 est de promouvoir l’infiltration de la tumeur par des cellules cytotoxiques antitumorales. Celui d’IL23 serait de s’opposer à cette infiltration, tout en induisant l’arrivée de cellules inflammatoires.
Une étude préliminaire menée chez la souris indique que l’administration d’anticorps anti-IL23 provoque une réduction de la taille de tumeurs mammaires. Cette découverte pourrait conduire au développement d’une nouvelle classe de molécules antitumorales, les anti-IL23.
J. L. Langowski et coll., « Nature », édition en ligne avancée.
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