Les chercheurs de l’unité INSERM 955 de l’Institut Mondor de recherche biomédicale (IMRB) et de l’Institut Curie et de l’hôpital européen Georges Pompidou viennent de publier dans la revue « American Journal of Transplantations » une étude selon laquelle une faible dose d’interleukine 2 réduit le risque de rejet lors d’une allogreffe de peau, en freinant l’action du système immunitaire.
Du diabète de type 1 à l’allogreffe
L’interleukine 2 est déjà employée à forte dose pour stimuler l’activité des lymphocytes, dans le cadre du traitement de certains cancers du rein et de certains mélanomes. À faible dose, l’action de l’interleukine 2 s’inverse, elle endigue alors l’action du système immunitaire.
En 2010, une étude menée par Eliane Piaggio, de l'institut Curie, avait d’ailleurs montré dans « The journal of experimental medicine » que l’interleukine 2 à faible dose pouvait arrêter la destruction des cellules bêta-pancréatiques chez des souris non obèses ayant un diabète de type 1, et stopper la maladie pendant une durée prolongée.
Lors de leurs premières expériences, l’équipe de chercheurs de l’IMRB conduite par José Cohen et Philippe Grimbert n’a injecté que de l’interleukine 2 à des souris greffées, et n’a pas obtenu les résultats escomptés. Au cours d’une deuxième série, les chercheurs ont couplé l’interleukine 2 à un autre immunosuppresseur : le sirolimus. L’hypothèse des chercheurs était que l’interleukine 2 activerait le Tregs tandis que le sirolimus limiterait la prolifération des lymphocytes T CD4+. Ce postulat s’est vérifié, puisqu’un mois après l’opération, les greffons n’étaient pas rejetés.
Une expérimentation chez l’homme possible
« La greffe de peau chez la souris est le modèle expérimental le plus difficile à contrôler, expliquent les auteurs, dans notre expérience, les souris ne montrent aucun signe de rejet 30 jours après la greffe cutanée. C’est très encourageant quand on sait qu’habituellement ce rejet intervient dans les 10 jours. »
Ces résultats sont une première étape qui ouvre la possibilité d’une évaluation clinique. Ces deux molécules présentent l’avantage de posséder une autorisation de mise sur le marché chez l’homme.
Article mis à jour le 17/11/2014.
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