L'ENTéROCOLITE nécrosante est une atteinte grave qui menace principalement les enfants nés avant terme, en particulier s'ils sont de petit poids de naissance ou très prématurés. La prévalence de l'infection est de 7 % chez les prématurés de très petit poids de naissance. L'entérocolite nécrosante représente de 1 à 5 % des causes d'admission dans les unités de soins intensifs en néonatalogie. Le taux de mortalité avoisine 15 à 30 %. La pathogénie de l'entérocolite nécrosante demeure incomplètement élucidée. L'origine est très probablement multifactorielle. L'immaturité des défenses et des fonctions de la muqueuse digestive est à même de provoquer une réaction inflammatoire exagérée contre des facteurs de stress tels que l'hypoxie, l'ischémie, ou une alimentation non adaptée. Une perméabilité anormale de la paroi digestive chez le prématuré peut autoriser une diffusion de bactéries à partir de la lumière intestinale. Un déséquilibre de la représentation des colonies bactériennes a été décrit chez le prématuré. Normalement, le tube digestif stérile de l'enfant est complètement colonisé à la naissance par la flore maternelle. Mais, chez les enfants nés avant terme, la fréquence des césariennes, des antibiothérapies, des interruptions alimentaires peuvent entraîner des retards et des anomalies de la colonisation.
Comme l'entérocolite nécrosante peut provenir d'aberrations de la colonisation digestive, la recherche s'est intéressée aux effets préventifs des probiotiques. Les probiotiques sont des organismes vivants, des bactéries anaérobies et des levures, dont les bienfaits sont maintenant largement connus.
Nourrisson de moins de 1 500 g.
Un article du « Lancet » apporte des éléments de confirmation sur l'intérêt des probiotiques dans l'entérocolite nécrosante du nourrisson. Girish Deshpande et coll. présentent une métaanalyse de sept études randomisées contre placebo qui montre que ces probiotiques réduisent le risque d'entérocolite nécrosante. Leur usage, de plus, raccourcit la durée avant la reprise de l'alimentation chez les prématurés de très petit poids de naissance (moins de 1 500 g).
«Une supplémentation par des probiotiques qui a débuté dans les 10jours après la naissance et qui a duré au minimum 7jours réduit le risque d'entérite nécrosante chez les nouveau-nés avant 33semaines de gestation, qui pèsent moins de 1500g, avec un risque relatif de 0,36 comparativement au groupe sous placebo.» La différence de durée avant la reprise de l'alimentation normale est en moyenne de moins 2,74 jours.
Les résultats montrent aussi que la supplémentation en probiotiques réduit la mortalité totale, dont le risque relatif descend à 0,47. Toutefois, on ne note pas de réduction de la mortalité due à l'entérocolite nécrosante ou au sepsis chez les enfants lorsque ces pathologies se sont installées. «Il faut être prudent dans l'interprétation des résultats pour ce qui concerne les entérocolites nécrosantes sévères», écrivent des commentateurs. Les analyses ont été réalisées à partir d'études dans lesquelles ont été testés différents probiotiques : Lactobacillus acidophilus, L.casei GG, L.bulgaricus, Bifidobacterium bifidum, B.breve, B.infans, B.lactis, Streptococcus thermophilus et Saccharomyces boulardii. Les travaux en biologie ont montré que, chez l'enfant né avant terme, les probiotiques induisent la maturation des fonctions intestinales, réduisent la croissance et l'adhésion de micro-organismes pathogènes.
« The Lancet », vol. 369, 12 mai 2007, pp. 1614-1620, et commentaires, pp. 1578-1580.
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