UN TRAVAIL mené, deux hivers de suite, par une équipe du centre hospitalier sud-francilien (Évry-Courcouronnes) vient de montrer l'apport d'un test de diagnostic rapide de la grippe. L'étude a été réalisée, dans leur service, auprès des patients hospitalisés pour une détresse respiratoire aiguë en période d'épidémie. Le test a permis d'impliquer un virus grippal chez 10 % environ des patients, une incidence similaire à celle retrouvée dans d'autres études. Il surpasse en performance un diagnostic simplement fondé sur la clinique.
Elsa Brocas et coll. ont enrôlé, en 2005 et 2006, entre le 1er février et le 15 avril, 39 patients (dont 22 hommes), sur 251 admis en service de réanimation. Leur âge moyen était de 69,7 ± 13 ans. Près de la moitié d'entre eux (43,5 %) avaient reçu une vaccination antigrippale.
Tous les patients ont bénéficié d'un test rapide de recherche de la grippe, QuickVue. Il a été réalisé sur les sécrétions nasales dans les douze heures suivant l'hospitalisation. Chez quatre d'entre eux, le test est revenu positif, soit 10,2 %. Ils étaient plus âgés que la moyenne des patients enrôlés, 80 ± 7 ans. Aux mêmes périodes, l'incidence nationale de la grippe, selon les données du réseau Sentinelles, était de 0,6 % pour 2005 et 0,45 en 2006.
L'étude n'a pu établir la place de la vaccination. Notamment, elle n'a pu mettre en évidence d'effet protecteur, probablement en raison de la petite taille de l'échantillon. Les auteurs rappellent que les fabricants du test mettent en garde contre une possibilité de faux positifs en cas de vaccination antigrippale A dans les trois jours qui précèdent. Aucun vaccin n'a été signalé par les patients dans ce court délai.
Des caractéristiques satisfaisantes.
Les tests positifs n'ont pas été confirmés par une recherche virale par PCR, immunofluorescence ou culture. Cependant, les études menées sur le test QuickVue ont montré des caractéristiques satisfaisantes : sensibilité : 75-85 % ; spécificité : 75-97 % ; valeur prédictive positive : 73-96 %, négative : 82-100 %.
L'équipe francilienne reconnaît des limites à son étude dues à sa petite taille. Elle est monocentrique, dans un service de 14 lits, sur des périodes relativement courtes (épidémie). L'autre limite porte sur l'absence de contrôle biologique de référence de la positivité au virus grippal. Cependant, les résultats enregistrés sont comparables à ceux relevés dans d'autres études.
On peut penser que l'intérêt de cette détection serait la mise en route d'un traitement antiviral et la suspension d'une antibiothérapie. Une série de 166 patients, chez qui le diagnostic de grippe avait été confirmé biologiquement, n'a pas montré de différence d'évolutivité de l'affection entre ceux recevant des antiviraux et les autres.
Dans l'étude menée à Évry, aucune prophylaxie antivirale n'a été instaurée chez les patients. En revanche, la présence d'un virus grippal a permis de mettre en place des mesures afin de limiter la circulation virale.
« La Presse médicale », tome 37, n° 6, pp. 943-947.
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