LA RÉALISATION d'un scanner abdominal permet de faire baisser le nombre des interventions inutiles et de limiter le risque de péritonite, selon un travail mené à Los Angeles entre 1996 et 2006.
Au moment de la mise en place de l'étude, le taux d'intervention sur appendice sain était estimé à 20 % en moyenne. Il atteignait même la valeur de 42 % chez les jeunes femmes. A cette époque, le diagnostic était fondé sur l'examen clinique, la réalisation de tests paracliniques (NFS, CRP) et, dans les cas les plus douteux, une échographie pouvait être prescrite. C'est aussi vers le milieu des années 1990 que le scanner abdominal s'est développé dans cette indication.
L'équipe du Dr Steven Raman (Los Angeles) a analysé les modifications de pratique diagnostique entre 1996 et 2006 et leur impact sur les résultats anatomopathologiques des appendices analysés. Les auteurs ont pris en compte 1 081 adultes (616 hommes et 465 femmes) de 16 à 90 ans qui ont été opérés dans leur centre hospitalier. Ils précisent que pendant cette période leur équipe d'urgentistes, de chirurgiens et de radiologues est restée relativement stable, mais que dans les trois dernières années de l'étude, elle a été complétée par l'arrivée de laparoscopistes.
Passé à 85 % de scanners en 2006.
En 1996, 20 % des patients étaient explorés par scanner préopératoire et ce chiffre est passé à 85 % en 2006, avec un pic à 93 % en 2005. Pour sa part, le nombre des échographies a diminué : de 24 % en 1996 à 9 % en 2006. Le nombre des interventions par laparoscopie est passé d'aucune à 23 % en dix ans.
En 1996, 24 % des patients qui subissaient des interventions n'avaient pas de signes anatomo-pathologiques d'appendicite. Cette proportion est passée à 12 % en 1999, à 4 % en 2003, à 0 % en 2004 et à 3 % en 2006. L'incidence des perforations prouvées à l'examen anatomopathologique est passée de 18 % en 1996 à 5 % en 2006.
Un travail mené en Australie et publié en début d'année va aussi dans le sens d'une amélioration du diagnostic par l'association de techniques d'imagerie avec réalisation d'un examen clinique et de tests paracliniques.
En analysant une série de 168 patients pris en charge entre janvier 2004 et mai 2005, l'équipe du Dr D. Chiang estime le taux d'interventions inutiles à 6,7 % et celui des perforations d'appendicite à 3,2 %. Lorsque les patients de ces deux groupes sont pris de façon globale, seuls 12 % d'entre eux avaient bénéficié d'un examen d'imagerie (échographie ou scanner). Les auteurs estiment que le taux de prédiction d'un diagnostic d'appendicite est de 93,2 % lorsque les examens cliniques, paracliniques et d'imagerie sont analysés de façon conjointe.
Des études sur l'intérêt de la réalisation d'une IRM en préopératoire ont aussi été publiées récemment. Il semblerait que la valeur prédictive positive puisse être encore améliorée, mais, dans le contexte sanitaire français, il est irréaliste d'imaginer que cet examen pourrait être utilisé dans le diagnostic de cette pathologie.
« New England Journal of Medicine », 358 ; 9 : 972-4, 28 février 2008, « Ann R Coll Surg Engl », janvier 2008 ; 90 (1) : 17-21.
Baisse de 75 % en Grèce
Une étude épidémiologique menée en Grèce sur une période de trente ans montre que le nombre des interventions sur une population standardisée pour l'âge a baissé de 75 % passant de 652/100 00 habitants en 1970 à 164 en 2000. Au début de la période prise en compte, le ratio femmes-hommes s'établissait à 1,27 et il est passé progressivement à 0,93 au début des années 2000. Pour les auteurs, cette baisse peut s'expliquer par deux facteurs : une amélioration des conditions socio-économiques de la population et l'introduction de nouvelles méthodes de diagnostic qui ont permis de limiter le nombre des interventions inutiles.
« Dig Dis » 2008 ; 26(1) : 80-84.
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