Maladie d'Alzheimer

L'intérêt du maintien du poids des patients

Publié le 10/04/2007
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L'IMPACT de l'alimentation et du contrôle de la perte de poids dans l'évolution péjorative de la maladie d'Alzheimer apparaît dans les conclusions de certains essais. Ainsi, de 1994 à 2002, plus de 400 patients Alzheimer répartis en deux groupes ont été suivis pendant un an, au centre Alzheimer du Cmrr de Toulouse. Le premier groupe étudié n'avait pas de traitement, puis, à partir de juin 1997, le deuxième groupe a été traité en utilisant un inhibiteur de l'acétylcholinestérase. Les patients du groupe traité ont reçu un nombre d'expositions variable de 1 à 3, 42,2 % des patients ayant été traités par trois expositions successives de donépézil. Plusieurs critères apparaissent en faveur d'un traitement.

Le déclin cognitif, mesuré par le Mmse, est significativement moindre (p trend = 0,002) en corrélation avec le nombre d'expositions au traitement. A un an, 39,3 % des patients traités avec trois expositions ont présenté une perte de trois points ou plus au Mmse contre 58,3 % pour les patients non traités.

Le risque d'institutionnalisation diminue également de façon significative (p trend = 0,001), passant de 22,7 % pour les patients non traités à 3,6 % pour les patients ayant bénéficié de trois expositions.

La perte de poids est significativement moins fréquente dans le groupe de patients traités. 20,8 % des patients du groupe traité avec trois expositions ont une perte de poids égale ou supérieure à 4 % contre 33 % pour les patients non traités.

Le report du placement en institution.

«Le recul du déclin des patients Alzheimer traités avec un anticholinestérase atténue le poids socio-économique de la maladie d'Alzheimer», considère le Pr F. Nourhashemi (CHU Purpan-Casselardit), les patients traités précocement n'ayant pas subi de perte de poids importante ont une plus longue persistance de la qualité de vie et un recul du moment de la prise en charge en institution.» Une perte de poids de plus de 4 % par an chez le sujet non traité majore la morbidité et la fatigabilité associée renforçant l'altération du comportement nutritionnel. Avec plus de 220 000 nouveaux cas par an, les projections en 2020 sont de 1 300 000 déments et en 2040 de 2 100 000 déments. L'influence positive du donépézil sur l'histoire naturelle de la maladie d'Alzheimer est également l'enjeu de l'étude prospective REAL.FR menée actuellement dans le cadre du réseau français sur la maladie d'Alzheimer.

Cette étude en cours d'analyse rassemble une cohorte de 484 patients atteints d'une maladie d'Alzheimer, recrutés à partir de 16 centres hospitaliers universitaires en France. Les conclusions d'une métaanalyse d'essais cliniques menés avec le donépézil contre placebo intégrant 1 019 patients montrent que 4,9 % seulement des sujets traités ont eu un déclin rapide de la fonction cognitive mesurée par l'Adas-COG contre 18,6 % dans le groupe placebo. Selon le Dr Catherine Helmer (Inserm, Bordeaux), «les patients du groupe traité ont trois fois moins d'évolution péjorative et le report du placement en institution peut atteindre plusieurs mois».

Conférence organisée par Pfizer et Eisai dans le cadre du MEDEC 2007 avec le Pr Fati Nourhashemi (CHU de Toulouse) et le Dr Catherine Helmer (Inserm U593, université de Bordeaux).

> Dr ALAIN LE HYARIC

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8144