LES syndromes myélodysplasiques sont des maladies de la moelle osseuse avec atteinte des cellules souches sanguines. La classification franco-américano-britannique (FAB) évalue le potentiel évolutif et le risque de leucémie myéloïde aiguë en fonction du pourcentage de blastes. Plus de la moitié des patients présentent des anomalies chromosomiques et pour 40 % d'entre eux une délétion du bras court du chromosome 5 (syndrome 5q). Les patients présentent une anémie réfractaire sévère et nécessitent des transfusions répétées.
Le thalidomide a montré une efficacité sur la cytopénie des syndromes myélodysplasiques, mais la mauvaise tolérance du produit a limité son développement.
Sur l'anémie réfractaire.
Un analogue du thalidomide, le lenalidomide, montre une efficacité importante sur l'anémie réfractaire des sujets porteurs d'une délétion du bras court du chromosome 5. La molécule associe une tolérance acceptable (essai MDS-003 à l'American Society of Clinical Oncology).
Ses points forts sont :
- 66% des patients dépendants de transfusions n'en ont plus eu besoin pendant au moins 8 semaines. L'augmentation moyenne de l'hémoglobine était de 5,2 g/dl (en intention de traiter) ;
- 73 % des répondeurs ont été indépendants des transfusions pendant une moyenne de suivi de 58 semaines ;
- une réponse cytogénétique a été obtenue chez 70 % des patients évalués et une réponse cytogénétique complète a été obtenue chez 63 % des répondeurs sur ce plan.
L'effet secondaire le plus fréquent était la myélosuppression réversible à l'arrêt du traitement ou avec l'ajustement des doses.
Complétant les données de MDS-003, des essais de phase II (MDS-002) concernant le lenalidomide chez un groupe élargi de patients SMD à faible risque et risque intermédiaire-1, ne présentant pas d'anomalie cytogénétique ont été présentés au cours du 10e Congrès de l'Association européenne d'hématologie.
Les points forts en sont :
- 51 % des patients éligibles atteints de syndromes myélodysplasiques (SMD) de faible risque et de risque intermédiaire-1 dépendant d'un apport transfusionnel, sans anomalie chromosomique à délétion 5q, présentent une amélioration hématologique, 33 % d'entre eux ne nécessitant plus de transfusion ;
- l'indépendance de tout apport transfusionnel est maintenue pendant une moyenne de 41 semaines chez les répondeurs ;
- l'hémoglobine est augmentée en moyenne de 3,2 g/dl chez les répondeurs (8,0 g/dl au début de l'étude) ;
- 45 % des patients évaluables présentent une réponse cytogénétique.
Des essais cliniques européens.
Dans cet essai aussi, la myélosuppression est fréquente et réversible avec une interruption du traitement et un ajustement de la dose.
Devant ces résultats encourageants, un programme d'essais cliniques européens est en cours de développement.
Au cours du 10e Congrès de l'Association européenne d'hématologie ont été présentés également les résultats des essais de phase III concernant le lenalidomide dans le myélome multiple. Les essais international (MM-010) et nord-américain (MM-009) étaient randomisés, en double aveugle contrôlé contre placebo incluant respectivement 351 patients, répartis dans 50 sites à travers le monde, et 354 patients répartis dans 47 sites en Amérique du Nord traités soit par Revlimid et dexaméthasone, soit par placebo plus dexaméthasone. L'âge moyen du groupe Revlimid était de 62 ans vs 63 ans pour le groupe placebo.
Les résultats de l'essai international MM-010 montrent que la survie sans progression est de 53,4 semaines dans le groupe Revlimid versus 20,6 semaines dans le groupe placebo.
Les résultats de l'essai nord-américain MM-009 rejoignent les précédents avec une survie sans progression de 60,1 semaines avec Revlimid et de 20,7 semaines avec le placebo.
Dans les deux essais, la tolérance de Revlimid et dexaméthasone était inférieure à celle de l'association placebo et dexaméthasone avec une toxicité de classe 3 ou 4 avec neutropénie, thrombopénie et anémie, thrombose veineuse profonde chez 4,5 % et 13,5 % des patients traités avec Revlimid et dexaméthasone contre 3,4 % et 3,5 % chez ceux sous placebo et dexaméthasone dans l'essai international et l'essai nord-américain respectivement. Une embolie pulmonaire est survenue chez 4 % et 2,9 % des patients traités avec Revlimid et dexaméthasone comparé à 1,1 % et 0,6 % des patients traités avec placebo et dexaméthasone dans, respectivement, l'essai international et l'essai nord-américain.
Des cycles de 28 jours.
D'autres essais de phase III vont évaluer l'efficacité et la sécurité d'un schéma thérapeutique avec une dose discontinue de Revlimid à 25 mg ajoutée à une dose élevée de dexaméthasone comparé à l'association placebo et dexaméthasone. Sept cent cinq patients ont été recrutés sur une centaine de sites dans le monde. Revlimid et la dexaméthasone sont administrés en fonction de cycles de 28 jours : Revlimid 25 mg une fois par jour les jours 1-21 tous les 28 jours et 40 mg de dexaméthasone de façon intermittente. Le critère d'évaluation principal de l'étude est la survie sans progression.
Compte tenu des résultats positifs, les essais ne seront plus conduits en aveugle et Revlimid sera administré à tous les patients. Celgene a l'intention d'élargir les programmes d'accès de Revlimid aux Etats-Unis et a lancé un programme d'essais cliniques en Europe pour les patients souffrant de rechute de myélome multiple. Le produit est en cours d'enregistrement auprès de la FDA.
D'après une communication du Laboratoire Celgene au 10e Congrès de l'Association européenne d'hématologie à Stokholm.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature