Imagerie de la gonarthrose

L'intérêt de l'IRM se confirme

Publié le 04/12/2005
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18° Congrès SFR
4-12 décembre 2005 à Paris

LA GONARTHROSE est définie, selon les critères de l'OMS, par une atteinte du cartilage. Certains auteurs ont démontré que cette pathologie est aussi caractérisée par une composante inflammatoire de la membrane synoviale. Des travaux antérieurs ont montré que l'IRM permettait d'objectiver une inflammation synoviale présente à tous les stades de la maladie. Cette inflammation synoviale est quantifiable par « un score IRM total de synovite » qui est fortement corrélé aux lésions histologiques.
L'étude menée par le Pr Damien Loeuille, du CHU de Nancy, a évalué trois modalités d'exploration IRM de l'inflammation de la membrane synoviale chez les patients atteints de gonarthrose. Le « score IRM total de synovite » est la première modalité de mesure et vise à déterminer l'inflammation de la membrane synoviale en mesurant l'épaississement de cette membrane dans cinq régions d'intérêt. La deuxième modalité consiste en une étude volumique sur une région synoviale qui entoure la rotule. La troisième modalité permet de déterminer la vitesse de rehaussement (rapide, lente et modérée), couplée à une analyse volumique de la membrane synoviale. Ces trois modes d'évaluation différents fournissent des informations complémentaires sur l'état de l'inflammation de la membrane synoviale dans la gonarthrose.
Dans cette étude, quinze patients, d'âge moyen de 57 ans, ont été inclus. Parmi eux, cinq présentaient une gonarthrose débutante et dix étaient atteints d'une gonarthrose sévère, définie par au moins une lésion focale ou diffuse de stade IV (mise à nu de l'os sous-chondral). Tous les malades ont bénéficié d'une évaluation IRM de la synoviale selon les trois modalités décrites précédemment et d'une arthroscopie avec lavage articulaire, afin de déterminer le degré de destruction du cartilage et de pratiquer des biopsies synoviales. Enfin, une étude clinique avec une échelle EVA - douleur et un score algofonctionnel de Lequesne ont été établis pour chacun des quinze patients. Les données cliniques, macroscopiques et histologiques, ont été confrontées aux résultats obtenus en IRM.

De nombreuses corrélations.
Les principaux résultats de ce travail montrent une bonne corrélation entre le « score IRM total de synovite » et les paramètres macroscopiques de la synoviale, les données histologiques sur la congestion, l'infiltration et le score histologique total. Le score volumique total est également bien corrélé aux résultats macroscopiques et à la congestion microscopique. Le volume de synovite ayant une vitesse de rehaussement important est, quant à lui, bien corrélé avec les paramètres histologiques de congestion. Sur le plan clinique, il a été montré, pour la première fois, que le volume de synovite ayant une vitesse de rehaussement faible était significativement corrélé à la douleur et tendait à être corrélé à l'indice algofonctionnel de Lequesne. Ce travail a également mis en évidence une association entre le volume de synovite et les lésions cartilagineuses. En effet, plus le volume de synovite est important, plus les lésions cartilagineuses du compartiment fémoro-tibial interne sont nombreuses. La relation est inverse pour une atteinte fémoro-patellaire. Les caractéristiques d'inflammation synoviale visualisées en IRM ne sont pas influencées par la sévérité de la maladie arthrosique. Ces résultats sont d'autant plus sûrs que les mesures de reproductibilité entre les trois modalités IRM étaient excellentes, tant en intra- qu'en interobservateur. Bien que l'effectif des patients inclus soit faible, les résultats de cette étude sont importants, car il existe peu de travaux dans la littérature où les données histologiques peuvent être confrontées aux images IRM. Enfin, l'approche volumique de la membrane synoviale explorée par IRM par les vitesses de rehaussement mises au point grâce à un logiciel spécifique est une technique pionnière dans le domaine.

D'après un entretien avec le Pr Damien Loeuille, CHU Nancy.

> Dr MATHIEU HERI

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7856