LA DÉTECTION du cancer par biopsies en cas de taux de PSA élevé et suspect est parfois difficile. Environ 150 000 biopsies ont été réalisées en France en 2005 et 55 000 cancers ont été diagnostiqués. Certains cancers, situés notamment à la partie antérieure de la prostate, sont peu accessibles au toucher rectal, non détectés par échographie et échappent aux biopsies habituelles faites au hasard, dans la glande prostatique, sous contrôle échographique.
A cet égard, l’imagerie par IRM dynamique représente une amélioration majeure dans la détection de ces cancers. Cette technique, mise au point et validée par le Chru de Lille, est en cours de diffusion dans plusieurs centres en France.
Le principe en est l’étude dynamique du rehaussement tissulaire de la prostate après injection intraveineuse de gadolinium. Les séquences d’IRM dynamique après injection de gadolinium sont en effet plus performantes que l’IRM seule, reflétant les degrés de vascularisation des différentes zones de prostate. Le nodule néoplasique se rehausse de façon plus précoce et plus intense avec disparition plus rapide de l’hypersignal qu’au niveau de la zone périphérique normale. Ce protocole a été validé et la cinétique de décroissance du signal a, de fait, été corrélée à la présence de cancer : l’étude des courbes de rehaussement permet de mettre en évidence une zone suspecte correspondant à la zone qui se rehausse plus précocement que le reste du tissu glandulaire adjacent. Plusieurs équipes ont rapporté leurs résultats issus de la confrontation anatomo-imagerie pour la localisation par IRM du cancer, à partir des données des biopsies. Une confrontation entre l’anatomopathologie faite sur les pièces opératoires et l’IRM dynamique a été effectuée et publiée récemment par l’équipe de Lille (1). Dans ce travail, une IRM dynamique avec antenne pelvienne a été faite avant la biopsie chez 24 patients ayant un taux de PSA suspect ou un TR anormal. L’examen histopathologique a permis de détecter, au total, 56 foyers tumoraux. Le plus important était situé dans la zone périphérique chez 14 patients et dans la zone de transition chez les 10 autres. Les séquences T1 ont pu identifier 30 des 39 foyers tumoraux de plus de 0,2 cc et 27 sur 30 des plus de 0,5 cc. En séquences T2, 22 des 30 foyers de plus de 0,2 cc ont été considérés comme suspects et identifiés ultérieurement par les séquences T1. Ainsi, en cas de volume de plus de 0,2 cc, la sensibilité, la spécificité, la valeur prédictive positive et la valeur prédictive négative étaient respectivement de 77, 91, 86 et 85 %. Le volume médian était pour les foyers de 0,2 cc, de 1,3 cc dans la zone périphérique et de 2,54 cc dans la zone de transition ; les valeurs correspondantes pour les foyers non détectés par IRM étaient de 0,503 cc et 0,435 cc. L’IRM dynamique avec antenne pelvienne apparaît ainsi comme une technique adaptée à la détection et à l’évaluation du volume des tumeurs prostatiques de plus de 0,2 cc situées dans la zone périphérique et la zone de transition. Ces résultats devraient avoir des implications pour la détection, l’évaluation du pronostic et la prise en charge thérapeutique des tumeurs de la prostate.
D’après un entretien avec le Pr Arnauld Villers, CHRU de Lille. (1) Villers A. et coll. Dynamic Contrast Enhanced, Pelvic Phased Array Magnetic Resonance Imaging of Localized Prostate Cancer for Predicting Tumor Volume : Correlation with Radical Prostatectomy Findings. « J Urol » 2006 ; 176(6 Pt 1) : 2432-2437.
Une bourse de recherche
Une bourse de recherche a été remise lors du congrès de l’AFU au Dr Eric Potiron, pour un travail qui sera réalisé dans le laboratoire de recherche du service d’urologie du Chru de Lille (Pr Arnauld Villers, Pr Jacques Biserte), en collaboration avec les services d’imagerie uro-néphrologique (Pr Laurent Lemaitre et Dr Philippe Puech) et d’anatomopathologie (Pr Xavier Leroy).
Le projet de recherche consiste en la mise au point d’un protocole d’IRM dynamique, avec étude informatisée des courbes de rehaussement tissulaires, confrontation entre les données cliniques (TR, marqueurs, schémas de biopsies), de l’imagerie (IRM dynamique) et anatomopathologiques (reconstruction histomorphométrique des pièces de prostatectomies radicales).
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