QUAND UNE GROSSESSE se complique, vaut-il mieux admettre la future maman ou simplement la suivre en hospitalisation de jour ? La réponse vient peut-être d'Australie. L'équipe de Deborah A. Turnbull (Adelaide) et coll. suggère que, pour certaines complications, la seconde solution non seulement satisfait la patiente, mais aussi donne d'aussi bons résultats que le séjour hospitalier tant sur ces critères cliniques qu'économiques. Cette dernière composante ayant pu servir de justification au principe de l'hospitalisation de jour, ainsi que la réduction des lits et la préférence des patients.
Les médecins australiens ont enrôlé 395 femmes, qu'ils ont incluses au hasard soit dans un groupe d'hospitalisation de jour (n = 263), soit dans un groupe d'admissions (n = 132). Ces femmes enceintes consultaient pour hypertension non protéinurique, hypertension avec protéinurie ou rupture prématurée des membranes. L'analyse a été réalisée en intention de traiter.
17 heures, contre 2 jours et 9 heures.
Dans l'ensemble, les femmes en hospitalisation de jour ont reçu, avant l'accouchement, des soins pendant 17 heures, contre 2 jours et 9 heures pour les autres. Les premières ont été vues en moyenne 3 fois (de 1 à 14), alors que les secondes l'ont été 2 fois (de 1 à 9). Surtout, note dans un éditorial P. Stubblefield (Boston), les suites maternelles et périnatales ont été les mêmes dans les deux groupes. « Ni les mamans ni leur bébé n'étaient plus à risque de complications en raison de l'enrôlement dans le groupe d'hospitalisation de jour. » Il remarque également l'absence d'économie réalisée par l'hospitalisation de jour, avec même des coûts légèrement plus élevés. Enfin, si la satisfaction des patientes en hospitalisation de jour était plus élevée au départ, sept semaines plus tard, elle ne dépassait que de peu celle des femmes hospitalisées.
Ce travail australien connaît des forces et des faiblesses. Au chapitre des points forts, les auteurs rapportent l'acquisition de données cliniques complètes, un taux de réponses élevé et un taux de 95 % de femmes enceintes ayant bénéficié du mode de surveillance qui leur avait été attribué.
En ce qui concerne les faiblesses, il convient de préciser que la mortalité périnatale n'a pu être évaluée. En effet, l'événement étant rare, l'étude n'avait pas la puissance suffisante pour l'étudier. Mais les données de suivi sont rassurantes. Enfin, l'étude a été arrêtée prématurément. Elle n'a pu enrôler le nombre de patientes prévu et nécessaire statistiquement (600). La faute en revient aux expérimentateurs. Constatant, au fur et à mesure, le succès de l'hospitalisation de jour, ils ont rechigné à enrôler des femmes dans le groupe hospitalisation.
Les auteurs concluent leur travail sur : « L'adoption par les services de maternité d'une politique proposant aux femmes le choix entre admission et hospitalisation de jour semble appropriée. »
« Lancet », vol. 363, 3 avril 2004, pp. 1089 (éditorial), et 1104-1109.
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