LE CANCER bronchique représente 10 % de l'ensemble des cancers dans le monde et 18 % de l'ensemble des décès par cancer. C'est la première cause de décès par cancer chez l'homme et son incidence en France, estimée en 2000 à 23 000 cas chez l'homme et 20 000 cas chez la femme le place au quatrième rang, juste derrière le cancer de la prostate. Par ailleurs, il prédomine largement chez l'homme en France, même si sa fréquence est aujourd'hui multipliée par cinq pour la femme, chez laquelle il occupera le premier rang des décès par cancers en 2025.
Trois ou quatre cycles de chimiothérapie.
L'étude IALT (International Adjuvant Lung Cancer Trial) coordonnée par Thierry Le Chevallier (institut Gustave-Roussy, Villejuif) a été réalisée dans 148 centres et 33 pays, 1 867 patients atteints de cancers bronchiques de stade I à III. Ils ont été randomisés entre 1995 et 2000, afin de déterminer l'impact sur la survie de trois ou quatre cycles de chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine après résection complète (chaque centre ayant au préalable déterminé la dose de cisplatine de 300 à 400 mg/m2, l'association étoposide ou vincalcaloïde) et l'apport de la radiothérapie. Ainsi, un bénéfice de 5 % de survie sans récidive et de 4 % pour la survie globale a pu être observé à cinq ans en faveur du bras chimiothérapie adjuvante (932 patients). La toxicité observée dans ce dernier bras regroupant 7 décès toxiques, 5 aplasies, 1 insuffisance rénale et 1 hyponatrémie. La tolérance était par ailleurs très satisfaisante.
L'essai de phase III mené par Kato et coll. semble aller dans le même sens. Entre 1994 et 1997, 999 patients porteurs d'adénocarcinome de stade I ayant bénéficié d'une résection complète (T1N0M0 et T2N0M0) ont été randomisés entre chimiothérapie adjuvante par UFT (chimiothérapie orale) (250 mg/m2/j) pendant deux ans, et observation. Une différence significative sur la survie à cinq ans a pu être observée et spécialement dans le groupe chimiothérapie des stades IB (T2N0M0) avec 84,9 % versus 73,5 % dans le groupe contrôle. La tolérance était par ailleurs aussi très satisfaisante et la compliance de même.
Enfin, une métaanalyse japonaise, regroupant 2 003 patients au total dans 6 études réalisées entre 1985 et 1997, évaluant la survie à cinq ans après chimiothérapie adjuvante par UFT, retrouve un taux de survie à cinq ans de 81,8 % dans le bras UFT versus 77,2 % dans le bras chirurgie seule.
Un nouveau standard.
Ces études, et particulièrement l'étude IALT, semblent donc confirmer l'intérêt de la chimiothérapie adjuvante dans les cancers bronchiques non à petites cellules opérés, qui apparaît peut-être maintenant comme un nouveau standard.
Des questions persistent cependant : sur le type de patients le plus susceptible de répondre à cette indication, mais les résultats de l'étude des marqueurs biologiques mise en place apportera tout ou ou partie de la réponse sur l'intervalle à respecter entre la chirurgie et la chimiothérapie qui semble donner les mêmes résultats à un mois ou deux mois ; la chimiothérapie optimale à utiliser en combinaison avec les sels de platine ou les autres types de chimiothérapie ; enfin, la place de la chimiothérapie orale, largement utilisée au Japon et dont la pratique prouve tout son intérêt (meilleures compliance et tolérance).
Intervention du Pr Jean-François Morère, symposium organisé par BMS lors des 5es Biennales monégasques de cancérologie.
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