On sait que les IEC ont acquis une place incontestable dans le traitement de l'insuffisance cardiaque, quel que soit l'âge, en réduisant notamment le nombre des admissions à l'hôpital. Mais les sujets âgés bénéficient-ils autant de ce traitement ? Non si l'on en croit les données présentées par E.V. Hauranek (Denver) portant sur 32 649 insuffisants cardiaques devant être hospitalisés (pris en charge par Medicare). En fait, ce sont les 11 % de sujets venant de maisons de retraite qui paraissent les plus défavorisés : ces patients bénéficient plus rarement d'une détermination de la fraction d'éjection (OR : 0,57 ; 0,52-0,63) et d'une prescription d'IEC (OR : 0,69 ; 0,54-0,88). Cette réduction des soins reste significative après prise en compte de l'âge et du sexe (il est vrai que les patients venant de maisons de retraite sont plus âgés, sont plus souvent des femmes et présentent plus de comorbidités, en particulier de démences et d'antécédents d'AVC).
Or, une autre étude, présentée par C. Rangaswamy (Michigan) et portant sur 613 patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque, suggère que ce sont les comorbidités qui influencent non pas le recours aux IEC mais les doses utilisées. En effet, l'utilisation des IEC est équivalente dans les quatre tranches d'âge définies (moins de 60 ans ; 60-69 ans ; 70-79 ans ; 80 ans ou plus) mais les doses employées diminuent significativement avec l'âge (r = 0,199, p < 0,001). Les sujets de plus de 80 ans sont plus hypertendus, ont plus d'antécédents de chutes et viennent plus souvent d'institution de long séjour ; cependant, on ne met pas en évidence de différence significative pour le diabète et l'insuffisance rénale. Ainsi, si certaines comorbidités jouent un rôle, c'est l'âge qui semble conduire les médecins à réduire les posologies utilisées.
Les avantages de l'hospitalisation à domicile
Une chose est sûre, les sujets âgés bénéficient d'une prise en charge à domicile (HAD) après une hospitalisation, comme le montre une étude australienne (S. Stewart, Adélaïde) portant sur 284 patients, dont 149 ont bénéficié d'une prise en charge spécifique gérée principalement par un infirmier.
Si cette prise en charge ne réduit pas significativement le critère principal (décès et hospitalisations en urgence), après 4,2 ans de suivi, on enregistre une augmentation de la durée de survie sans événements (7 mois contre 3 mois, p < 0,01), de la durée de survie en général (40 mois contre 22 mois, p < 0,05). Par ailleurs, ce programme réduit significativement le nombre des réhospitalisations (p < 0,05) et le coût de ces hospitalisations (p < 0,01).
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