L’insuffisance veineuse cérébrospinale chronique (IVCCI ou CCSVI en Anglais) pourrait-elle être engendrée par des lésions du système nerveux lié à la SEP ? Cette hypothèse a été présentée par le Dr Zamboni, dopplériste (université Ferrara, Italie) lors du congrès de l’Ectrims 2010 (13-16 octobre, Gotehnbourg, Suède). Ce spécialiste a mené une étude de la circulation veineuse au doppler auprès de 65 patients atteints de différents types de SEP versus 235 personnes en bonne santé. L’étude a rapporté des signes d’insuffisance veineuse beaucoup plus fréquents chez les personnes atteintes de SEP que chez les témoins. Ensuite, l’équipe du Dr Zamboni a mené une nouvelle étude chez les patients SEP avec insuffisance veineuse, montrant qu’un traitement par dilatation veineuse par ballonnet pourrait être une solution à la SEP. L’information s’est répandue comme une trainée de poudre dans les associations de patients, et certains malades atteints de SEP + IVCCI ont d’ores et déjà recours à cette technique.
Selon le Pr Olivier Heinzlef (Hôpital de Poissy St Germain, Yvelines), « l’insuffisance veineuse cérébrospinale chronique serait une explication simple –et donc séduisante - à la SEP. Mais le lien de causalité entre l’IVCCI et la sclérose en plaques reste à démontrer. D’autant plus que le traitement préconisé - la dilatation veineuse- n’est pas reconnu ni utilisé en médecine aujourd’hui ».
Par ailleurs, une vaste étude qui se déroule à Buffalo et qui combine les mesures doppler du flux sanguin transcranial et extracranial n’a pas conclu à ce lien. Les résultats préliminaires montrent que 56 % des patients atteints de SEP présentaient des signes d’insuffisance veineuse. Mais chez les sujets en bonne santé, 22 % présentaient des signes d’IVCCI, et 42 % des personnes avec une affection neurologique autre que la SEP ont aussi montré des signes d’IVCCI. Selon ces résultats, l’insuffisance veineuse cérébrospinale n’est donc pas une caractéristique unique de la SEP.
Trois facteurs de risque
« En réalité, la physiopathologie de la SEP est très compliquée, souligne le Pr Olivier Heinzlef. L’hérédité interviendrait au maximum à 30 % dans le déclenchement de la maladie. Les trois principaux facteurs de risque aujourd’hui incriminés sont les infections virales dans l’enfance, en particulier la mononucléose ; le déficit en vitamine D – la prévalence de la SEP est plus élevée dans le nord que dans le sud – ; et le tabagisme ». Selon certaines études, supplémenter en vitamine D les patients atteints de SEP carencés permettrait de limiter la gravité de la maladie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature