Demain, à Paris, se réunissent les cardiologues européens

L’insuffisance cardiaque, la préoccupation

Publié le 16/01/2006
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La reconnaissance de l’importance clinique, sociale et économique de l’insuffisance cardiaque par les autorités de santé est récente et encore incomplète. Des études ont également montré une mauvaise compréhension de la maladie et de son traitement par les médecins généralistes.

L’étude SHAPE publiée en 2005 incluant près de 8 000 sujets sélectionnés au hasard dans neuf pays européens (dont la France) et portant sur la connaissance de la maladie, sa fréquence, sa sévérité, ses traitements et ses coûts fait apparaître un défaut d’information majeure dans la population générale, quel que soit le pays : un sujet sur trois identifie cette maladie comme sévère, 67 % pensent que les insuffisants cardiaques vivent plus longtemps que les patients atteints de cancer.

«L’insuffisance cardiaque implique de nouveaux investissements en recherche (génome, cellules souches, c?ur artificiel…) comme en santé publiqueet pose de nouveaux problèmes de bioéthique et d’organisation de soins», conclut le Pr Albert Hagège (Paris).

Deux risques évolutifs.

L’insuffisance cardiaque chronique comporte deux risques évolutifs : la défaillance progressive de la pompe cardiaque menant à l’insuffisance cardiaque terminale et la mort subite, le plus souvent par trouble du rythme ventriculaire ; le décès d’un insuffisant cardiaque sur deux est dû à une mort subite.

Le traitement électrique de l’insuffisance cardiaque est venu apporter une lueur d’espoir pour les insuffisants cardiaques. Depuis le début des années 2000, la resynchronisation a fait l’objet de nombreuses études qui ont inclus près de 4 000 patients en Europe et aux Etats-Unis (CARE-HF, MADIT II, SCD-HeFT, COMPANION). Les résultats parfaitement concordants de ces études démontrent que, chez les patients désynchronisés (troubles de la conduction intraventriculaire ou interventriculaire) et en insuffisance cardiaque sévère (stade III-IV), non améliorés par un traitement médicamenteux optimal, la resynchronisation améliore la qualité de vie, diminue de 52 % le nombre d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque et réduit de 36 % la mortalité totale, et de 54 % les morts subites.

A la lumière de ces preuves, le traitement électrique de l’insuffisance cardiaque a obtenu une validation formelle : en 2005, les recommandations européennes préconisent les défibrillateurs automatiques implantables et le traitement par resynchronisation cardiaque comme normes de traitement de l’insuffisance cardiaque chez les patients éligibles. Ils sont désignés comme traitements de classe 1 avec un niveau d’évidence A dans les recommandations de la Société européenne et les sociétés nord-américaines de cardiologie.

Conférence de presse organisée par la Société française de cardiologie présidée par le Pr Jean-Claude Daubert (président de la Société française de cardiologie).

Halte à l’infarctus !

Les cardiologues sont unanimes : il faut sensibiliser le public à la marche à suivre en cas de symptômes évoquant un infarctus du myocarde. Trop de malades réagissent tardivement ou empruntent de mauvais circuits avant d’arriver dans un service spécialisé.

Le geste efficace est l’appel du Samu au15. Or, selon une enquête réalisée en France en 2000, moins de la moitié des patients utilisent ce circuit. L’enquête FAST-MI, actuellement menée par la Société française de cardiologie dans 250 unités de soins intensifs, le confirme : la moitié seulement des malades sont hospitalisés moins de quatre heures après le début des symptômes, dont un quart seulement dans les deux premières heures. Or le délai d’appel aux services médicaux d’urgence conditionne la taille de l’infarctus et donc le risque de décès et de séquelles. Une conférence publique, « Halte à l’infarctus », suivie d’une démonstration des gestes qui sauvent, avec le concours du Samu, aura lieu le samedi 21 janvier 2006 de 14 h 30 à 16 h 30.

> Dr MICHELINE FOURCADE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7878