L'histoire familiale des prisonniers en France montre la fragilité des couples qu'ils forment avec une compagne en liberté. Certes, révèle une enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques*, ils vivent en couple deux ans plus tôt que les autres hommes et ont également leur premier enfant deux ans plus tôt. Mais les liens qui les unissent à leur compagne sont aléatoires.
A leur entrée en prison, 40 % des 48 500 personnes concernées en 1999 ont déjà vécu au moins une rupture au cours de leur vie conjugale, au lieu de 18 % chez les hommes libres. Ils privilégient l'union libre : 32 % sont mariés contre 54 % de l'ensemble de la population masculine. Dans tous les cas, l'incarcération fragilise les rapports familiaux. 60 % des prisonniers n'ont pas de conjoint. Ils sont souvent amenés à se séparer de leurs enfants. Quelque 51 500 mineurs vivent sans leur père ou beau-père.
La population carcérale se compose en grande majorité de jeunes : un sur cinq a moins de 25 ans et un sur deux moins de 35 ans. Les détenus sont plus souvent ouvriers ou fils d'ouvriers, nés à l'étranger ou issus de parents eux-mêmes étrangers. Ils parlent cinq fois plus que les non-détenus une autre langue que le français avec leur père, comme avec leur mère. Et plus de la moitié ont été élevés dans une famille comprenant au moins 5 enfants, ce qui n'est le cas que pour un quart des hommes en liberté. A 20 ans, neuf sur dix ont déjà quitté le système scolaire, au lieu de six sur dix dans la population générale. Quant aux 50 ans et plus, ils se distinguent par une descendance plus importante : 33 %, contre 17 %, ont eu au moins 4 enfants. Enfin, sur les 20 000 femmes qui ont un conjoint détenu, 40 % travaillent, contre 50 % dans l'ensemble de la population féminine.
* « INSEE Première » n° B 28, février 2002.
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