Christian Bréchot, directeur général de l'INSERM, a su convaincre ses partenaires de la nécessité de recruter en France de jeunes chercheurs, fondamentaux ou cliniciens, capables de développer des programmes nouveaux de recherche. « Le programme Avenir, qui permet d'accueillir de jeunes chercheurs de talent dans des conditions avouables, n'est possible, précise Christian Bréchot, que grâce à nos partenaires » : le ministère de la Santé, via sa direction de l'Hospitalisation et de l'organisation des soins, des associations, des fondations caritatives, des hôpitaux et des conseils régionaux*.
Pour cette première année, 26 candidats sur 196 ont été retenus, parmi lesquels 7 postdoctorants, 13 chercheurs déjà en poste et 6 hospitaliers. Parmi ces lauréats, figurent 8 médecins et 2 pharmaciens. Les projets sélectionnés portent sur un large éventail de domaines de la recherche biomédicale et en santé, « de l'immunologie à la sociologie, en passant par la bactériologie, les neurosciences, les thérapies cellulaires, la bio-informatique ou la physiologie cellulaire », indique Christian Bréchot. Une commission scientifique composée d'experts français et étrangers a épluché les candidatures selon l'excellence du projet présenté, son inscription dans les champs de recherche de l'INSERM et sa triple implication en recherche clinique, recherche en santé publique et recherche biomédicale.
Rester en France
Concrètement, les chercheurs bénéficient d'une aide financière de 60 000 euros par an, d'un espace d'environ 50 m2 pour exercer leur activité, le libre accès à du matériel de pointe, la possibilité de monter leur propre équipe de recherche, et, pour les postdoctorants, l'attribution d'une allocation mensuelle d'un montant de 2 3000 euros net. Ce programme Avenir est donc une aubaine pour ces jeunes chercheurs poussés, pour la plupart, à poursuivre leur recherche à l'étranger dans de meilleures conditions que ne leur offre la France.
Karine Clément, l'une des 16 lauréates, à la fois maître de conférence et praticienne hospitalière, a effectué une année post-doctorale aux Etats-Unis, après une thèse consacrée à l'épidémiologie génétique de l'obésité. Son projet, soutenu dans le cadre du programme Avenir, est d'utiliser les approches très innovantes (puces à ADN) de la génétique fonctionnelle pour comprendre les mécanismes en cause dans la susceptibilité à la prise de poids et la résistance à la perte de poids.
Un des objectifs qui découlent de son approche est l'identification des familles de gènes sensibles aux modifications de l'environnement nutritionnel (restriction calorique ou suralimentation). « Grâce au programme Avenir, j'ai pu construire une équipe à l'université Paris-VI, dans le service de médecine et nutrition de l'Hôtel-Dieu (Paris) . C'est un tremplin », se félicite Karine Clément, 36 ans.
Elle a pu également nouer des collaborations avec différentes équipes impliquées dans la recherche sur l'animal, la bio-informatique et les sciences fondamentales, en particulier avec un réseau de génétique fonctionnelle en nutrition dans le cadre de l'Action thématique concertée (ATC) Nutrition lancée par l'INSERM. « Avenir est un label dont on peut se prévaloir, explique Karine Clément . Il nous donne une crédibilité internationale et nous permet de nous intégrer dans des réseaux européens », comme celui de NUGENOB (Nutrient-GENe interactions in human obesity).
L'appel à projets du programme Avenir a été reconduit en 2002, avec deux particularités. En premier lieu, la priorité a été donnée aux projets présentés en binôme, associant par exemple un spécialiste d'une technologie à un chercheur utilisant ses applications (un biophysicien et un chercheur en imagerie). En second lieu, l'INSERM prévoit d'attribuer la totalité des 20 postes ouverts aux postdoctorants.
Renouvellement
« Le renouvellement qualitatif et quantitatif des chercheurs », voulu par Christian Bréchot pour remplacer les départs à la retraite (d'environ 30 % d'ici à 2010 pour l'INSERM) est donc en route, même si au bout des trois ans du programme Avenir, aucune assurance n'est donnée aux lauréats. Christian Bréchot compte parallèlement accueillir un certain nombre des 400 postdoctorants annoncés par le ministère de la Recherche.
Les restrictions budgétaires ne semblent donc pas atteindre le moral du directeur de l'INSERM. « Notre Institut a été préservé, reconnaît-il. Nous ne sommes pas menacés de suppression de postes », contrairement au CNRS. Toutefois, puisque des économies doivent être faites, l'INSERM évaluera avec parcimonie les programmes de recherche qu'il soutient.
* L'Association française contre les myopathies (AFM), l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), l'Association pour la recherche sur le cancer (ARC), la Fondation pour la recherche médicale (FRM), la Ligue nationale contre le cancer (LNCC), la Caisse nationale d'assurance-maladie des professions libérales (CANAM), l'Établissement français du sang (EFS).
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