SPÉCIALISTE renommé des hépatites, le Pr Christian Bréchot, nommé en février 2001 à la tête de l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), a choisi de démissionner. Tout en réfutant les accusations de conflit d'intérêts dont il fait l'objet, il souhaite pouvoir «traiter librement» le dossier l'opposant à la société Metagenex (« le Quotidien » du 19 septembre). Ce litige, qui implique l'épouse de Christian Bréchot, le Pr Patrizia Paterlini-Bréchot, à propos d'un test de détection précoce des cellules cancéreuses, «devra être traité dans le plein respect des règles de droit et d'éthique relatives à la santé publique», indique le ministère de la Recherche dans un communiqué. «Je suisconvaincu que, au-delà de ce cas particulier, les manquements graves aux bonnes pratiques et à l'éthique risquent de nuire à toutes les actions mises en oeuvre pour rapprocher les chercheurs et les partenaires industriels. Ce problème est emblématique de ceux qui se poseront dans les années à venir concernant le transfert des connaissances de la recherche à la médecine et les dangers potentiels de la médecine prédictive», a précisé Christian Bréchot. A l'issue de la mission conjointe des ministères de la Recherche et de la Santé, une lettre avait été adressée au directeur général de l'INSERM jugeant que la solution « la plus conforme à l'intérêt public » serait que les brevets du test ISET soient cédés à la société Metagenex comme l'institut s'était engagé à le faire, via sa filiale INSERM-Transfert.
Pendant les sept ans de son mandat qu'il a qualifié de «passionnants», le Pr Bréchot, a cherché à faire évoluer l'INSERM, à la suite du Pr Claude Griscelli. Dès son arrivée à la tête de l'institut, Christian Bréchot, nommé en conseil des ministres sur proposition du ministre Roger-Gérard Schwartzenberg, avait insisté sur la nécessité de «recruter et de donner des responsabilités à de jeunes chercheurs, fondamentaux ou cliniciens». Selon lui, l'INSERM avait «besoin de rajeunissement» et cela passait, soulignait-il, «par une revalorisation des salaires». C'est ainsi qu'il créé « Avenir », un programme de soutien aux jeunes chercheurs, qu'ils soient titularisés ou postdoctorants.
Un continuum entre recherche et soins.
Son objectif est de renforcer l'équilibre entre la recherche biomédicale et la santé publique. «Il ne doit pas y avoir de contradiction entre une recherche en amont et toutes les facettes de la recherche clinique: recherches biologiques, thérapeutiques, celles dites au lit du malade», estimait-il. Lors du débat engagé pour la préparation de l'actuelle loi de la recherche, en 2004, il avait souhaité intégrer «véritablement les activités de recherche et de soins dans un continuum entre unité clinique et unité de recherche». «Il s'agit d'étendre ce que l'INSERM a mis en place récemment, en partenariat avec des centres de lutte contre le cancer: des unités mixtes de recherche, associant directement l'hôpital à l'INSERM et à l'université», expliquait-il au « Quotidien ». Pour lui, l'Institut devait aller vers une «agence nationale de programmes et de moyens centrée sur la recherche en santé». «L'INSERM pourrait se recentrer sur une gestion de projets, d'unités et de programmes sur des grands objectifs de santé publique, avait-il ajouté. L'institut ne cherche pas à tout faire: l'ensemble des recrutements, les soutiens aux unités, les soutiens aux projets et aux programmes.» C'est dans cette optique que Christian Bréchot a notamment renforcé les partenariats public-privé, avec en particulier le développement d'une filiale Inserm-Transfert.
Son autre cheval de bataille était d'ouvrir l'institut aux associations de malades. Le bilan de ce partenariat constructif, mené depuis 2003, est aujourd'hui globalement positif. L'INSERM est même allé au-delà des associations en se faisant également connaître du grand public, notamment grâce à ces expertises collectives dont certaines ont été à l'origine de vives polémiques (expertise sur l'évaluation des psychothérapies et surtout sur le dépistage des troubles précoces).
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