LE PREMIER CAS de grippe aviaire chez un oiseau en France a été confirmé samedi soir. Le canard sauvage retrouvé mort le 13 février à Joyeux, dans l’Ain, était porteur du virus H5N1 (99 % d’identité avec le virus d’origine asiatique). Dominique Bussereau, le ministre de l’Agriculture, s’est rendu sur place pour vérifier le dispositif mis en place (zone de protection de 3 km et zone de sécurité de 10 km) et rencontrer des éleveurs, auxquels il a promis des mesures de solidarité – les aides étaient en discussion au niveau de l’Union européenne en début de semaine.
Et d’autres cas pourraient être annoncés. Les cadavres d’une quinzaine d’oiseaux sont en cours d’examen au laboratoire national de Ploufragan (Côtes-d’Armor), spécialisé dans la détection de la grippe aviaire, auquel sont envoyés les animaux suspects par les laboratoires régionaux. Parmi ceux-ci figurent une majorité de cygnes, mais également des canards, dont les deux retrouvés morts jeudi dernier en baie de Somme, un héron et une tourterelle.
D’autres pays d’Europe ont de même trouvé des oiseaux sauvages contaminés mais, en France comme en Allemagne, en Autriche ou en Italie, aucun cas de contamination d’une volaille n’avait été signalé en début de semaine. Alors que les ventes sont en baisse, de 15 % en moyenne (de 70 % en Italie), il est rappelé qu’il n’y a aucun danger à manger de la volaille, le virus étant tué pendant la cuisson.
L’inquiétude monte, mais il n’y aurait pas de psychose. Le ministère de la Santé a mis en place en octobre un numéro de téléphone Indigo (0,15 euro la minute), le 0.825.302.302, qui fournit la liste des pays touchés (taper 1), les recommandations aux voyageurs (taper 2) et répond aux questions plus générales sur la grippe aviaire (taper 3). Ouvert de 8 heures à 22 heures, 7 jours sur 7, il met les appelants en relation avec des téléopérateurs ayant une spécialisation sanitaire, une présence médicale étant également assurée. Les effectifs ont été renforcés, car il a fallu répondre, samedi et dimanche, à quelque 3 000 appels par jour. Dimanche, Xavier Bertrand, qui visitait la plate-forme, a lui-même pris un appel, sans parvenir à totalement rassurer son interlocuteur, qui s’inquiétait des risques à manipuler une volaille crue, avant de la cuire. Il a par ailleurs assuré qu’ «il n’y aura aucun obstacle financier» au plan de protection mis en place en France.
La ministre autrichienne de la Santé, dont le pays assure la présidence semestrielle de l’Union européenne, a convié ses homologues à un échange d’informations vendredi à Vienne. Ce jour-là, Dominique de Villepin et Xavier Bertrand doivent assister à un grand exercice de simulation de grippe aviaire du côté de Lyon.
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De plus en plus d’agents pathogènes d’origine animale
Le nombre de nouveaux agents pathogènes provoquant des infections humaines, dont la plupart sont d’origine animale, a fortement augmenté depuis vingt-cinq ans, ont indiqué des épidémiologistes lors de la conférence annuelle de l’Association américaine pour la promotion de la science (Aaas). Au total, 38 nouvelles espèces d’agents pathogènes responsables d’infections humaines, comme le VIH, le virus du sras ou le prion de la maladie de la vache folle, ont été isolées et documentées depuis un quart de siècle, a indiqué Mark Woolhouse (université d’Edimbourg).Près des deux tiers de ces 38 nouvelles variétés sont des virus ARN dotés d’un petit génome et qui ont un taux de mutation rapide. Ces virus sont différents des 1 407 autres virus, bactéries, protozoaires et moisissures connus pouvant provoquer différentes infections chez l’homme et dont 58 % viennent des animaux.
Les scientifiques estiment que 177 de ces agents infectieux répertoriés aujourd’hui sont de nouvelles souches ou d’anciennes qui réapparaissent et dont la plupart ne provoqueront jamais de pandémie, ont-ils souligné. La très grande majorité de tous les agents pathogènes acquis par l’homme par des contacts avec des animaux, y compris les 38 récents cités précédemment, «se transmettent très difficilement ou pas du tout entre humains». Toutefois, un agent pathogène, dans sa course pour éviter son extinction, s’efforce de muter génétiquement dans la population qu’il infecte pour pouvoir se transmettre. «Dans cette course, les virus ARN, qui évoluent rapidement, ont les meilleures chances de réussir», a expliqué Mark Woolhouse. Le virus H5N1 n’est pas un virus ARN, mais il partage avec ces derniers la capacité de muter très rapidement, même dans le cours d’une seule infection.
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