POUR LA PREMIERE fois, le Dr André-Roland Havas s'exprime publiquement. Le directeur du Bapu (Bureau d'aide psychologique universitaire), centre de santé mentale de la Croix-Rouge française situé dans le 13e arrondissement de Paris, rappelle qu'il avait signalé le cas de Richard Durn dès le 10 juillet 1998 au médecin chef de la Ddass. « Ce jour-là, le jeune homme avait menacé la psychologue qui le recevait avec une arme de poing, précise le Dr Havas, et, complètement affolée, celle-ci était venue se réfugier dans mon bureau. J'avais aussitôt procédé au signalement. »
L'enquête instruite alors par la préfecture de police, la Ddass des Hauts-de-Seine et le commissariat de Nanterre, avait montré que Richard Durn avait acquis légalement en 1997 plusieurs armes, sous couvert de l'inscription à un club de tir. Ces armes, un Smith-et-Wesson et deux Glocks, qui lui permirent de passer à l'acte cinq ans plus tard. Mais la procédure d'internement et de saisie des armes engagée à l'époque à son encontre n'avait pas abouti, le médecin psychiatre et les deux policiers qui s'étaient rendus à son domicile ayant trouvé porte close.
« Ensuite, Durn avait assuré au téléphone qu'il allait bien et, comme c'est classique en France, après le mois d'août, on avait tout effacé, se désole le psychiatre de la Croix-Rouge. Dans cette affaire, on a donc assisté à une cascade administrative de défausses. Et ce décret avec le certificat de non contre-indication médicale au port d'arme en est une nouvelle illustration. En fait, il témoigne d'une mauvaise compréhension des événements. Si mon signalement avait été pris en compte par les administrations, il n'y aurait jamais eu de tuerie à Nanterre. La simple application des textes en vigueur à l'époque aurait permis d'éviter le drame. Au lieu de quoi, avec ce décret complètement loufoque, on propose une réponse inappropriée : la folie raisonnante observée chez beaucoup de patients paranoïaques peut berner plus d'un psychiatre averti. En fait, en adoptant ces nouvelles dispositions, comme en n'appliquant pas les précédentes, les instances administratives continuent de traiter le problème comme elles l'avaient fait en 1998 : par-dessous la jambe. »
L'inquiétude du psychiatre qui avait signalé le cas de Richard Durn
Publié le 20/12/2005
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7868
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