POUVOIR RÉALISER un diagnostic précoce de la maladie d'Alzheimer est un des objectifs majeurs de la prise en charge de la maladie au cours des prochaines années. Par diagnostic précoce, il faut comprendre : confirmation de la maladie dès les tout premiers symptômes, mais aussi dès le début des perturbations moléculaires sur le plan anatomopathologique et donc avant l'apparition des signes cliniques. Les enjeux d'une telle précocité seront la possibilité de proposer des traitements ciblés, dans une vision de thérapeutique préventive, avec l'idée de pouvoir un jour stopper l'évolution neurodégénérative et empêcher le développement de la maladie clinique.
Sur le plan physiopathologique, les deux processus dégénératifs centraux de la maladie d'Alzheimer sont l'amyloïdogenèse et la dégénérescence neurofibrillaire. Le premier est caractérisé par l'accumulation corticale du peptide amyloïde bêta (Abêta) issu de la protéine APP (Amyloid Protein Precursor), le deuxième par l'accumulation neuronale de fibrilles de protéines tau pathologiques. La combinaison de ces deux phénomènes conduit à la mort neuronale, responsable des troubles de la mémoire et de l'altération progressive des fonctions cognitives. C'est sur ces deux processus majeurs, intervenant en amont de la mort cellulaire, que s'appuient aujourd'hui la plupart des travaux de recherche diagnostique et thérapeutique.
Le PIB : un marqueur des dépôts amyloïdes.
Les progrès réalisés dans le domaine de l'imagerie trouvent toute leur place dans ce contexte. Progressivement, on est passé de l'imagerie structurelle à l'imagerie moléculaire. L'IRM permet de visualiser une atrophie de l'hippocampe orientant vers le diagnostic. L'imagerie moléculaire, grâce au PET-scan (tomographie par émission de positons), met en évidence un hypométabolisme dans les régions pariétales et temporales bilatérales, très évocateur. Le traceur utilisé est alors le FDG (fluorodéoxyglucose). La tomographie d'émission monophotonique (TEM ou SPECT en anglais), qui permet d'étudier le débit sanguin cérébral, est également développée dans cette indication.
Récemment, un nouveau marqueur a été découvert et mis au point par les équipes des universités de Pittsburg et d'Uppsala aux États-Unis. Il s'agit du PIB, une molécule ayant une forte attraction pour les plaques d'amyloïde bêta. L'intégration d'un atome de fluor radioactif à cette molécule et sa visualisation par PET-scan, grâce à un logiciel de traitement d'image développé par GE Healthcare, permettront de détecter les lésions amyloïdes à un stade très précoce de la maladie, avec d'excellentes spécificité et sensibilité.
Associés à ces avancées dans le domaine de l'imagerie, des biomarqueurs peuvent également contribuer au diagnostic. Actuellement, l'analyse des marqueurs tau, phospho-tau et Abêta42 dans le liquide céphalo-rachidien renseigne respectivement sur la présence de mort neuronale, de dégénérescence neurofibrillaire et de dépôts amyloïdes. Des travaux de recherche sont également en cours pour la mise au point de marqueurs génétiques et de marqueurs sanguins.
Ces progrès ont une importance capitale au niveau thérapeutique. En permettant de mieux comprendre les perturbations moléculaires et cellulaires, ils participent à l'élaboration de traitements plus ciblés, intervenant au niveau de la formation de la plaque amyloïde, en amont de la mort neuronale.
D'après la table ronde : Le diagnostic précoce de la maladie d'Alzheimer et d'autres maladies neurodégénératives, organisée par GE Healthcare, lors du Salon européen de la recherche et de l'innovation.
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