De notre correspondant à Lyon
Roger Santini, chercheur à l'Institut national de sciences appliquées (INSA) de Lyon, a coordonné une étude réalisée auprès d'un échantillon de 600 personnes vivant jusqu'à 300 mètres, et au-delà, d'antennes relais de téléphonie mobile. Lectrices du quotidien régional « le Progrès », qui vient d'en publier les résultats, elles avaient été assez motivées pour répondre à un questionnaire détaillé qui leur avait été adressé, à leur demande.
Sur les 530 questionnaires finalement validés (270 hommes, 260 femmes), les résultats ont pu être classés, d'où leur intérêt, en différentes catégories selon la proximité plus ou moins grande de la résidence des répondants par rapport à l'antenne. Les résultats montrent que les plaintes revenant le plus fréquemment chez les habitants situés à moins de dix mètres d'une antenne sont la fatigue (72 %), les troubles du sommeil (57,1 %), les maux de tête (47,8 %), et un « sentiment d'inconfort » général (45,4 %). Le même échantillon cite très souvent un sentiment « d'irritabilité » (23 % de cette catégorie), ainsi qu'une « tendance dépressive » (26,8 %).
Chez ceux qui habitent plus loin (entre 10 et 50 mètres d'une antenne relais), troubles du sommeil, fatigue et pertes de mémoire arrivent en tête des symptômes déclarés (chez respectivement 57,5 %, 50,9 %, et 26,6 % des répondants).
Plus loin encore, entre 50 et 100 mètres d'une antenne relais, ce sont les troubles du sommeil (58,7 %), la fatigue (56,6 %) et l'irritabilité (44 %) qui reviennent le plus souvent. Au-delà (entre 100 et 200 mètres d'une antenne), sommeil, fatigue et troubles de la mémoire constituent le trio de tête des principales plaintes. Enfin, selon les données recueillies grâce aux questionnaires de l'échantillon habitant au-delà de 300 mètres d'une antenne, tous les motifs de plainte retombent dans des pourcentages inférieurs à 8 %, à l'exception de la fatigue (27,2 %) et des troubles du sommeil (21,1 %).
Réglementation ?
Pour le chercheur lyonnais, ces résultats devraient « entraîner l'application stricte du principe de précaution et il ne devrait plus être toléré d'installer ce type d'antennes à moins de 300 mètres d'une habitation », sachant qu'à l'heure actuelle il n'existe aucune norme européenne en la matière. Et que quelque 30 000 antennes relais, d'une hauteur de 10 à 40 mètres, ont été installées sur le territoire national ces dernières années dans l'anarchie la plus totale et l'âpre concurrence des différents opérateurs.
Quelle que soit, enfin, sa valeur scientifique - des symptômes comme l'irritabilité, la tendance dépressive ou encore la fatigue sont fréquents dans la population générale -, l'étude lyonnaise révèle par contraste l'indigence des travaux de recherche sur cette question en France. Et la relative abondance des travaux sur les risques liés à l'utilisation des téléphones portables eux-mêmes, dont les résultats semblent d'ailleurs contradictoires.
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