Une équipe de l'INSERM a identifié des processus cérébraux impliqués dans la diminution ou l'absence du désir sexuel masculin. Elle conclut, après une étude cérébrale par tomographie à émission de positons (TEP), à un manque de levée d'inhibition sur des zones chargées de l'émotion et de l'imagerie imaginaire.
Serge Stoleru et Jérôme Redouté (INSERM U483, dirigé par Yves Burnod, Lyon), viennent de découvrir que l'activité au niveau du cortex orbito-frontal gauche est maintenue chez les hommes dont le désir est diminué, alors que cette zone est désactivée chez des hommes normaux mis en présence d'images évocatrices.
Après avoir identifié les zones cérébrales impliquées dans le contrôle du désir sexuel chez des hommes, l'équipe de Serge Stoleru s'est attachée à comprendre les processus cérébraux liés à la diminution de la libido (diminution ou absence de désir sexuel masculin).
Ils ont mené une comparaison de l'activité des différentes régions cérébrales chez sept hommes souffrant d'hypoactivité sexuelle avec manque de désir (et sans anomalies hormonales) et chez huit volontaires masculins n'accusant pas de problèmes. Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé la TEP, imagerie fine, permettant de mesurer le flux sanguin dans différentes régions cérébrales.
Tous les hommes ont visionné des images de nature à provoquer un désir sexuel (clips vidéo de trois minutes et photos) avec une gradation du neutre à l'« explicite. »
Le cortex orbito-frontal gauche
Chez les hommes sans problèmes, une partie du cortex orbito-frontal gauche se désactive (baisse de l'activité à la TEP) en réaction aux stimuli visuels. En revanche, chez les hommes présentant une diminution de la libido, l'activité de la zone est maintenue.
Les chercheurs interprètent ainsi ces résultats : la baisse normale de l'activité du cortex orbito-frontal correspondrait à la levée d'une inhibition corticale permettant aux structures responsables des émotions et de l'imagerie fantasmatique de fonctionner. Le maintien de l'activité de la zone empêche cette expression.
De fait, chez les individus atteints de baisse de la libido, les zones correspondant aux processus émotionnels et d'imagerie motrice sont moins activées que chez les autres.
Ces résultats pourraient donner des pistes de travail aux psychothérapeutes pour agir sur le versant psychologique des inhibitions sexuelles liées à la diminution du désir. On a en effet déjà démontré, dans un autre cadre, qu'il existe une forte interaction entre des phénomènes psychologiques et des processus cérébraux : des modifications induites par des psychothérapies se reflètent par des changements du mode d'activité cérébrale.
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