« En moyenne, un hôpital de 700 à 800 lits doté d’un budget de 250 millions d’euros annuels destine 4 à 5 % de ce budget à ses investissements courants », rappelle Raoul Tachon, analyste et consultant spécialisé dans le secteur sanitaire, c’est-à-dire aux petits aménagements en termes d’équipement et d’informatique. Mais « l’acquisition de matériel informatique représente un poste d’investissement de plus en plus important qui, aujourd’hui, atteint jusqu’à 15 voire 20 % des investissements de routine », relève toutefois le consultant. Et ce, notamment depuis les plans Hôpital 2007 et 2012 dont l’objectif était d'apporter des aides d’État pour cofinancer des projets de modernisation d'établissements de soins et, entres autres, des systèmes d’information hospitaliers (SIH).
Déploiement des SIH
Selon lui, cette tendance se poursuivra dans les années à venir puisque les SIH doivent être régulièrement adaptés aux nouveautés techniques et rendus plus performants. Ils sont en outre au cœur du programme Hôpital numérique, un plan stratégique de développement et de modernisation des SIH pour la période 2012-2017 : même si ce programme (400 millions d’euros sur cinq ans) reste sans commune mesure avec le plan Hôpital 2012 (10 milliards d’euros sur cinq ans), il propose un soutien financier aux établissements souhaitant être accompagnés « dans leur transformation par les technologies de l’information et de la communication ». De fait, selon l’Atlas des systèmes d’information hospitaliers publié en mai 2014 par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), « les infrastructures virtualisées supportant les systèmes d’information sont déployées dans 79 % des établissements » publics et privés ayant répondu à l’enquête (2 056 établissements sur 3 328 établissements référencés). En outre, « l’informatisation des services d’urgence a progressé avec 90 % des services équipés ». Par ailleurs, « l’informatisation du dossier patient est achevée ou en cours dans plus de 75 % des établissements » (mais le dossier patient informatisé reste cependant incomplet et alimenté par les résultats de biologie dans seulement 54 % des établissements). Au total, « les établissements consacrent en moyenne 1,85 % de leurs dépenses au système d’information hospitalier, en augmentation depuis l’année précédente où la part des dépenses s’élevait à 1,80 % ».
Robotisation
Par ailleurs, les établissements sont presque obligés d’investir dans des matériels lourds en matière d’imagerie (IRM) et de chirurgie. Par exemple, un robot chirurgical coûte entre 1,5 et 2 millions d’euros pièce pour une durée de vie de 5 à 6 ans. Pour un établissement de soins, ce matériel de plus en plus performant est nécessaire pour maintenir un bon niveau de prise en charge des patients. Il peut constituer aussi un avantage compétitif par rapport aux autres établissements. Mais le sujet fait encore polémique dans la communauté des urologues. Petite subtilité : ces acquisitions n’apparaîtront pas nécessairement dans le budget dédié aux investissements. En effet, comme le souligne Ahmed El-Bahri, directeur des affaires financières et du système d’information au sein du CHRU de Montpellier, il existe de nouvelles modalités d’acquisition de ce type d’équipements comme la location et le crédit-bail. « Au sein de notre établissement, nous avons ainsi acquis trois appareils d’imagerie par investissement et deux par location. »
Restructuration
Restent les gros projets de restructuration qui sont parfois encore en cours ou à mettre en place, même si la plupart ont été réalisés entre 2006 et 2012. En effet, le ministère de la Santé souhaite qu’une intervention sur deux soit réalisée en ambulatoire en 2016. « Nous passons progressivement à 40-50 % de chirurgie ambulatoire contre 25-30 % il y a environ cinq ans, détaille Raoul Tachon. Cela implique l’aménagement des blocs opératoires, des circuits, des étages avec chambres… le virage ambulatoire révolutionne complètement la conception et l’organisation des bâtiments hospitaliers. » Les établissements de soins cherchent également à moderniser, rationnaliser et optimiser leur fonctionnement ainsi qu’à améliorer la prise en charge des patients. Un grand projet de restructuration est ainsi envisagé à Montpellier. L’objectif est de réunir en un seul site les services actuellement répartis sur quatre sites principaux. « Il s’agit d’un projet conçu par tranches fonctionnelles, étalé dans le temps, dont le montant global s’élève à environ 900 millions d’euros, explique Ahmed El-Bahri. Il est actuellement examiné par le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers (Copermo) [lire encadré]. La première phase vise à construire un bâtiment unique de biologie afin de regrouper les 22 laboratoires de biologie aujourd’hui “disséminés“ dans le CHU. »
Une telle restructuration, couplée à une réorganisation médicale, a quant à elle été amorcée dès 2009 au sein des hôpitaux de l’AP-HM, à Marseille. Elle a quasiment abouti à l’heure actuelle. Thématisation des sites, regroupements des moyens humains et matériels, ouverture de nouveaux bâtiments, dont une plate-forme logistique destinée à la gestion du linge, des repas ou encore de l’approvisionnement en matériel… « le projet se voulait complet pour une meilleure organisation des soins au sein de la cité phocéenne », souligne Jean-Marc Viguier, secrétaire général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Marseille. Parmi les projets qui restent à mettre en place : la construction d’un hôpital mère-enfant et la rénovation étage par étage de l’hôpital de la Timone (modernisation des locaux et renforcement de la sécurité incendie, notamment). « Nous aimerions également développer un système inter-établissements d’échange d’images de radiologie, par exemple, afin de faire face à la baisse du nombre de radiologues dans la région, complète Jean-Marc Viguier. Nous proposerons ce projet dans le cadre du plan Hôpital numérique. »
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