DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES TROUBLES dépressifs sont responsables d'une grande partie des 10 000 décès par suicide – un chiffre très probablement sous-estimé – et des 160 000 tentatives de suicide observées chaque année. Ils sont également à l'origine de handicaps et d'incapacités lourds, entraînant une détérioration de la qualité de vie de la personne concernée, mais aussi de ses proches. L'impact socio-économique considérable de la dépression s'explique par la perte de productivité qu'elle entraîne et/ou par la consommation de soins souvent inadéquate qu'elle induit. Car seulement de 25 à 50 % des personnes souffrant de ces troubles auraient recours au système de santé. Surtout, une proportion faible d'entre elles serait prise en charge de façon adéquate.
Partant du constat que «les troubles dépressifs sont devenus un enjeu de santé publique majeur», la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot avait donc lancé à l'automne 2007, avec le concours de l'INPES, une vaste campagne médiatique, inscrite dans le plan Santé mentale 2005-2008, dont l'objectif était double : informer le public sur les symptômes et faire évoluer le recours aux soins.
Les premiers résultats de l'évaluation de cette campagne auprès du grand public ont été présentés à Lyon à l'occasion des 40es Journées du Groupement d'études et de prévention du suicide, intitulées Les mots pour écouter. Elle s'appuie sur trois études, un questionnaire Internet et une enquête longitudinale. «Nos études préalables à la campagne avaient montré que, parmi les personnes ayant souffert de dépression, 73% n'avaient pas consulté à l'apparition des premiers symptômes», a indiqué Enguerrand de Roscoät (INPES), qui a présenté ces résultats.
Meilleure compréhension.
Le premier objectif de cette campagne, qui était donc d'informer les patients sur les symptômes, a été évalué, notamment en termes de modification des comportements.
L'INPES observe ainsi que les utilisateurs des 600 000 guides d'information édités «étaient particulièrement touchés par la dépression». Interrogés, ces utilisateurs ont affirmé, pour 77 % d'entre eux, que le guide les avaient aidés à mieux comprendre leurs symptômes et, pour 50 %, incités à en parler avec leurs proches. «Les retirages du guide ainsi que les nombreuses consultations du site Internet auquel renvoyaient les brochures et les spots télévisés ont montré que le besoin d'information était vif», a souligné Enguerrand de Roscoät. Il reste désormais à évaluer le second objectif, son impact sur le recours aux soins, et savoir ce que les autorités sanitaires en déduiront. Car, in fine, l'objectif recherché n'est peut-être pas tant l'augmentation du recours aux soins qu'une prise en charge adéquate.
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