La 9e Conférence internationale sur la science des systèmes en santé (CISSHC), qui réunit à Lyon, du 3 au 5 septembre, plus de 200 spécialistes des systèmes de santé, se promet d'aborder quelques sujets polémiques du jour tels que la gouvernance des futures agences régionales de santé (ARS), l'avenir du dossier médical personnel, les évaluations médico-économiques…
Gérard Duru, enseignant-chercheur à l'université Lyon-I et coorganisateur de cette conférence, rappelle combien l'information, en santé, dispose d'un statut particulier : «Elle est confidentielle.»
Or, en matière de gestion, cette particularité a un coût : l'information parcellisée, car retenue par certains, conduit à des pertes de productivité, d'un point de vue économique. D'un point de vue social, cela conduit à des pertes de chances pour le patient. «L'épidémiologie est souvent freinée par ces soucis de confidentialité, poursuit-il, et cela génère des difficultés de gouvernance, d'où le titre de notre congrès (Nouvelles technologies de l'information et gouvernance des systèmes de santé), qui sera donc transversal: nous parlerons de santé, certes, mais nous interpellerons les sociologues, les spécialistes d'éthique, ceux de la gestion et de l'économie.»
Aussi la session sur les ARS, lesquelles réclameront des systèmes d'information performants, s'annonce-t-elle animée. «Imaginez-vous pouvoir faire décoller un Airbus A380 sans système qui lui permette de savoir où il est, où il va et ce qui va se passer?», interroge le Pr Duru, qui prédit que «si l'on crée des ARS avec des seuls préfets et rien pour piloter, elles se casseront la figure». Or les outils de pilotage existent, mais restent épars. «La Caisse nationale d'assurance-maladie dispose, par exemple, d'un excellent système d'information, mais personne ne peut y avoir accès! Les industries pharmaceutiques ont, elles aussi, d'excellents systèmes, des hangars de données qu'ils exploitent. Idem pour les établissements de soins. Mais tout cela est épars et chacun garde sa petite information dans son coin», déclare Gérard Duru.
Le sujet du dossier médical, brûlant s'il en est, risque également d'amener le débat sur le terrain politique. Car, finalement, quelles sont les vraies raisons qui font que cet outil a tant de mal à émerger ? «Très sincèrement, il n'y a pas de gros problèmes techniques, estime le coorganisateur de la 9e CISSHC. Nous savons élaborer des systèmes qui peuvent communiquer entre eux.» En revanche persisteraient des problèmes de rétention d'information «pour des raisons nobles et moins nobles». Quant à la confusion sémantique régnant entre le dossier du patient et celui du médecin, elle n'a toujours pas été dissipée. «Le DMP pose donc surtout des questions juridiques, éthiques et sociologiques», conclut Gérard Duru.
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