REFERENCE
Dans la population des patients infectés par le VIH, la coïnfection par le VHC est très fréquente. On estime que près de 25 % des patients infectés par le VIH sont porteurs d'anticorps anti-VHC. La toxicomanie intraveineuse (de 60 à 80 %) et l'hémophilie (70 %) restent toujours les principaux facteurs de risque.
Mis à part la transmission sanguine, le risque de transmission materno-foetale est six fois plus élevé dans la population VIH que dans la population générale. Ce risque est d'autant plus important que la patiente est immunodéprimée et que sa virémie est élevée. D'autre part, le risque de transmission sexuelle est trois fois plus important chez les patients infectés par le VIH que dans la population générale.
Sur un plan virologique, on constate que la virémie VHC est de trois à huit fois plus élevée chez les patients infectés par le VIH que chez les VIH négatifs et ce d'autant plus que le patient est âgé et présente un taux de CD4 inférieur à 400. De plus, on voit chez les patients chroniquement infectés par le VHC une augmentation de la virémie de 0,6 log, puis de 0,2 log annuellement, après contamination par le VIH. Quant à la répartition des génotypes, ils ne présentent aucune particularité par rapport à la population non infectée par le VIH, avec près de 60 % infectés par le génotype 1 et de 30 à 35 % infectés par les génotypes 2 et 3. Certaines études ont mis en évidence une fréquence d'infection par des génotypes multiples plus élevée chez les patients infectés par le VIH que dans la population générale.
Dans la grande majorité des études, il apparaît que l'infection par le VIH entraîne une aggravation des lésions histologiques de l'hépatite chronique C, et la prévalence de la cirrhose est deux ou trois fois plus fréquente, plus précoce. Une fois la cirrhose installée, les patients infectés par le VIH développent plus fréquemment, plus précocement, des complications liées à la cirrhose (hémorragies digestives, ascite...).
Sur le plan thérapeutique, on compte peu d'études.
L'utilisation de l'interféron alpha qui possède une activité anti-VIH pourrait être limitée du fait d'une neutropénie pouvant s'additionner à celle engendrée par certains antiviraux. Les bithérapies associant interféron alpha (3 MUI x 3/semaine) et ribavirine (de 800 à 1 200 mg/jour), pendant des durées allant de six à douze mois, entraînent des taux de réponses dans 15 à 20 % des cas (négativation de la PCR persistante six mois après l'arrêt du traitement). Des études non contrôlées de bithérapies anti-VIC suggèrent qu'un tiers des patients guérissent, qu'un autre tiers sont des patients non répondeurs, et qu'enfin le dernier tiers de ces patients ne guérissent pas du fait d'une interruption de traitements liée à des effets secondaires.
Pour conclure, face à tout patient infecté par le VIH, le dépistage systématique pour l'infection VHC doit être effectué. Lorsqu'une infection chronique au VHC existe, la conduite à tenir est identique à celle menée chez un patient non VIH (évaluation de la fonction hépato-cellulaire, génotype, mesure de la virémie, biopsie hépatique). Quant à la thérapie à mettre en route, elle est l'objet de discussions entre hépatologues et infectiologues. Actuellement, on estime qu'un traitement anti-VIC (interféron pégylé-ribavirine) doit être administré chez tous les malades ayant une maladie « VIH contrôlée » et une hépatite chronique C avec un score de fibrose > 1.
D'après la communication du Dr Yves Benhamou (hôpital de la Salpêtrière, Paris) dans le cadre de la 6e Journée annuelle du GEMHEP (Groupe d'étude moléculaire des hépatites).
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